Les juges de la chambre de l’instruction de Metz se penchent mardi en appel sur le renvoi ou non d’Henri Leclaire aux assises, au côté de Francis Heaulme, pour le meurtre de deux enfants en 1986 à Montigny-lès-Metz.
Henri Leclaire, ex-manutentionnaire de 67 ans, est mis en examen depuis août 2014 dans cette affaire qui dure depuis plus de trente ans qui a vu condamner deux fois puis innocenter Patrick Dils, avant que Francis Heaulme ne devienne le suspect numéro un. Leclaire, qui travaillait non loin du talus sur lequel Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, avaient été retrouvés assassinés dans la soirée du 28 septembre 1986, n’est pas un inconnu de la procédure : il avait été le premier à faire des aveux, un peu plus de deux mois après les faits. Puis il s’était rétracté et les enquêteurs, constatant ce qu’ils considéraient comme des incohérences dans son récit, avaient fini par le relâcher.
Mais 28 ans plus tard, lors du procès de Francis Heaulme, dont la présence non loin des lieux du crime avait été établie dans les années 1990, un témoignage de dernière minute avait fait peser des « indices graves et concordants » sur Henri Leclaire. C’est Marie-Christine Blindauer, clerc d’avocat de 51 ans, qui avait fait basculer l’audience : en 2012, alors qu’il lui livrait des courses, Leclaire aurait évoqué l’affaire de Montigny, avait-elle dit à la cour. « Il s’était ensuite mis à crier et gesticuler comme s’il se trouvait devant les gosses », selon elle, puis avait raconté les avoir attrapés car ceux-ci « gênaient son travail » et l’ « horripilaient », tout en répétant « qu’il ne les avait pas tués ». Au deuxième jour des débats, le procès avait été suspendu, et un supplément d’information ordonné.
Dix-huit mois plus tard, et contre les réquisitions du parquet, les juges ont décidé de renvoyer Leclaire devant les assises. Décision dont son avocat, Me Thomas Hellenbrand, a fait appel.