Le procureur général répond aux critiques sur les rebondissements de l’affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz. Après le non-lieu octroyé à Henri Leclaire, Jean-Marie Beney justifie le travail et le temps qu’a pris la justice dans cette affaire.
L’avocate de Francis Heaulme s’étonne de ne pas voir Henri Leclaire renvoyé devant les assises pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, et se demande ce que craint la justice. La justice a-t-elle peur de quelque chose dans cette affaire?
Jean-Marie Beney, procureur général de Metz : Les paroles des avocats sont libres. Cela n’appelle pas de réaction particulière de ma part. Simplement, j’observe en ce qui concerne la question Leclaire qu’il y a eu l’application de la procédure. On a assisté à l’exercice des voies de recours. En conséquence de quoi, il n’y a aucune incohérence dans la décision de la chambre de l’instruction de ne pas renvoyer Henri Leclaire.
En 2014, vous aviez demandé en personne le renvoi du procès de Francis Heaulme en raison de nouveaux éléments pesant sur Henri Leclaire. Deux ans après, vous avez requis le non-lieu. Cela interpelle forcément…
Quand on a suspendu le procès, c’est qu’on le devait. C’était à un instant T. Il y avait des indices graves et concordants. La loi impose alors que l’on mette la personne en examen. Il y a un certain nombre d’instructions judiciaires qui se terminent par un non-lieu… Il y avait de quoi mettre Henri Leclaire en examen. Est-ce que ces indices graves et concordants se sont transformés en charges suffisantes pour le voir jugé aux assises? Il fallait franchir ce palier. Et la chambre de l’instruction, à l’instar de nos réquisitions, ne l’a pas franchi.
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Les témoignages de Marie-Christine Blindauer et de Jean Woffler n’ont donc aucune valeur?
Dans son arrêt qui fait presque 40 pages, on comprend que la chambre de l’instruction a réétudié l’affaire dans son intégralité. Rappelez-vous qu’en 2013, lorsque cette juridiction d’appel avait renvoyé Heaulme aux assises pour le double meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, elle avait mis Leclaire hors de cause. Les magistrats ont estimé que ces nouveaux témoignages, mais aussi les expertises, ne sont pas des charges suffisantes. Il n’y a rien de plus au dossier, en somme. Ils se sont prononcés sur la valeur juridique des éléments. Et ce n’est pas suffisant pour voir cet homme jugé.
A-t-on perdu deux ans?
Il fallait le faire. On n’avait de toute façon pas le choix de procéder à ces vérifications.
Ne craignez-vous pas que le procès de Francis Heaulme se retrouve bloqué, comme en 2014, par l’absence d’Henri Leclaire dans le box des accusés?
D’abord, l’arrêt de la chambre de l’instruction n’est pas définitif car une partie civile a saisi la Cour de cassation. Pour le reste, on verra. Mais les choses sont claires : s’il y a des charges, la personne est accusée. Dans le cas contraire, elle est témoin. En tout cas, la justice ne fermera pas les yeux et Henri Leclaire sera évidemment cité. Les débats devant la cour d’assise étant publics, chacun pourra évaluer les choses.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)