Plus de 200 motions ont été votées par des collectivités lorraines pour que soit créée la gare d’interconnexion TGV/TER de Vandières. Patron du conseil départemental 54 (Meurthe-et-Moselle), Mathieu Klein monte à nouveau au créneau.
Votée vendredi soir pour la quatrième fois, la motion du conseil municipal de Dieulouard, une commune de 4 690 habitants entre Nancy et Metz, est venue s’ajouter aux autres. Au total, on en compte plus de 200 en Lorraine – 167 prises de position initiales et 35 renouvellements – qui continuent depuis 2007 de réclamer la construction de la gare d’interconnexion de Vandières.
Grand défenseur du dossier, le Verdunois Michel Vogt centralise les adhésions et entend que soient respectés les engagements signés en 2000 par toutes les parties. Le représentant de la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) n’est pas le seul : président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein (PS) est bien décidé, lui aussi, à battre le fer. À ses yeux, l’aberration historique de Louvigny doit être corrigée. Louvigny, une gare dans les champs à 40 minutes de voiture de Nancy (25 minutes de Metz), est uniquement accessible en voiture ou navettes autobus, avec un stationnement onéreux.
Comme beaucoup d’autres régions, l’Alsace et la Champagne-Ardenne ont leur gare d’interconnexion ferroviaire. Pas la Lorraine, bien qu’elle soit la plus peuplée des trois du Grand Est. Et alors qu’à quelques kilomètres de Louvigny, la possibilité existe de caler l’interconnexion, à l’endroit où se croisent les rails régionaux et ceux de la LGV, pour laquelle 23 millions d’euros ont déjà été dépensés.
En pure perte ? « Louvigny était une gare provisoire, rien de plus. Elle est aujourd’hui amortie », martèle Mathieu Klein, dont la collectivité a voté à la majorité, voilà quelques jours, une motion portée par Christine Bourcier. Une fois l’élection présidentielle passée, Klein prévoit de réunir les soutiens.
Même les troupes socialistes, hier sous la coupe de Masseret, regrettent d’avoir laissé en 2015 l’ex-patron de la Région s’enfoncer dans le « coup politique » hasardeux d’une consultation publique (moins de 10 % de votants et 58 % de non) alors que rien ne l’y contraignait.
L’État avait permis le financement via la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). Masseret éliminé par les urnes, est-il aujourd’hui trop tard ? Les regards se tournent vers son successeur Philippe Richert (LR). L’Alsacien se réfugie derrière le vote du 1er février 2015 et paraît peu enclin à relancer le dossier.
En Moselle, quelques voix se font entendre, comme le député Denis Jacquat (LR) ou le conseiller départemental Jean François (LR), pour s’opposer à l’initiative de la Meurthe-et-Moselle. La peur de « perdre » Louvigny, en Moselle, pour Vandières, en Meurthe-et-Moselle, traduirait-elle une énième guerre larvée entre le « 57 » et la Lorraine du sud ? Sur les 202 signatures de soutien, on en trouve… 11 de Moselle, 88 de Meurthe-et-Moselle, 76 des Vosges, 26 de Meuse, des plus marginales du département de la Haute-Marne et des souhaits de communes franc-comtoises (Luxeuil-les-Bains). Le débat ne fait que (re)commencer.
Antoine Petry (Le Républicain lorrain)