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Désenclavement de l’A31 : privilégier l’option «qui pourra se faire le plus rapidement», selon Rauch


«C’est moi qui ai fait passer l’avenant exonérant l’impôt, en France, des frontaliers dont les revenus étaient exclusivement de source luxembourgeoise», indique Isabelle Rauch. (Photo RL /Armand Flohr)

La députée de la 9e circonscription de Moselle fait sa rentrée politique avec, en ligne de mire, l’épilogue prochain de sa mandature. Concentrée sur les derniers mois de la fonction, la parlementaire consent un premier bilan de son action et s’exprime sur la possibilité d’un second mandat.

Comment vivez-vous cette rentrée politique qui coïncide avec la fin, prochaine, de votre mandat de parlementaire ?

Isabelle Rauch, députée : Je suis toujours dans l’action. Ces prochains mois, je vais poursuivre sur les mêmes thématiques comme l’égalité homme/femme, le quotidien des frontaliers. Il y a aussi la partie immergée de l’iceberg, à savoir la vice-présidence de la commission des affaires étrangères. Un travail de l’ombre, passionnant, qui nécessite de nouer des relations bilatérales avec nos voisins européens.

En parlant de vos thèmes de prédilection, la gestion de la fiscalité des frontaliers pose question. Quel rôle avez-vous joué dans l’élaboration de la nouvelle convention fiscale entre la France et le Luxembourg qui a cristallisé tant de défiance ?

On va poser le cadre. Ce n’était pas moi qui étais rapporteur sur le premier projet de convention. Par contre, j’ai endossé ce rôle par la suite. Lorsque j’ai pris connaissance du texte, c’est moi qui ai fait passer l’avenant exonérant l’impôt, en France, des frontaliers dont les revenus étaient exclusivement de source luxembourgeoise. Concernant les couples mixtes, percevant des revenus des deux côtés de la frontière, personne ne m’a alertée à Bercy.

L’A31 bis a été inscrite sur le schéma d’orientation des infrastructures

Une preuve d’amateurisme ?

Ce que je peux dire, c’est que les avocats fiscalistes consultés, tout comme les services de Bercy en charge de l’étude d’impact, évoquaient un effet relativement marginal portant sur quelques centaines d’euros. Personne n’avait anticipé. Derrière, j’ai passé mon été à Bercy pour faire suspendre cette convention préjudiciable pour de nombreux administrés.

Toujours sur le terrain frontalier, la problématique de la mobilité évolue très lentement à l’image du projet d’A31 bis…

N’oublions pas qu’il y a 4 ans et demi, ce dossier était enterré. Avec l’ensemble des élus de Moselle-Nord, quelle que soit leur étiquette politique, nous avons trouvé le moyen de le ressusciter. Mieux, nous sommes parvenus à faire en sorte que cette A31 bis soit inscrite sur le schéma d’orientation des infrastructures.

A32, contournement ouest de Thionville ou même un itinéraire empruntant les friches de la cokerie de Florange sont à l’étude. Quelle option a vos faveurs ?

Celle qui pourra se faire le plus rapidement. Je ne suis pas technicienne…

Quel regard portez-vous sur le projet de fusion entre les agglomérations Portes de France et Val de Fensch ?

Je partage cette vision et cette envie. C’est une réflexion intelligente, nourrie pour le bien des citoyens et des citoyennes. De mon point de vue, cette fusion répond au besoin d’avoir un territoire à cette échelle.

Que retenez-vous de l’exercice du pouvoir parlementaire ?

Ce mandat a plusieurs dimensions : un député légifère, contrôle et informe. Au fil du temps, cette mission de contrôle a pris beaucoup d’importance. Une loi se discute, une loi a un esprit. Notre rôle est d’aller vérifier, sur le terrain, que l’application de la loi est conforme à l’esprit du législateur. C’est une partie de la fonction pas très visible mais qui m’occupe beaucoup.

Ce travail de l’ombre n’a-t-il pas contribué à cette étiquette de députée «timide» que l’on vous a attribuée au terme de votre première année au Palais Bourbon ?

Je ne suis pas d’une nature timide. Lorsque j’ai assuré l’intérim à la présidence de la commission des affaires étrangères, j’avais en face de moi des personnalités comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Difficile d’être timide dans ces conditions… On me reproche aussi de ne pas être assez clivante. Mais en réalité, je suis quelqu’un qui écoute réellement et qui cherche à trouver des solutions. Je mène une action publique pour le bien collectif, pour le bien de mon territoire.

En tant qu’élue de la majorité présidentielle, un mot sur la volonté d’Emmanuel Macron « d’emmerder jusqu’au bout les non-vaccinés» ?

(Elle sourit) Il a parlé cash. Je pense que nous avons besoin d’avoir un président qui parle cash. Et n’oublions pas le contexte : cette phrase, il l’a prononcée face à des soignants épuisés par la crise. Aujourd’hui, nous avons 90 % de la population vaccinée qui a fait l’effort. Et il reste une minorité qui ne veut pas souscrire au vivre ensemble. Cette intervention, c’est donc une forme d’électrochoc.

Certains pensent aussi qu’il s’agit du coup d’envoi de sa candidature à sa réélection. Vous concernant, comptez-vous briguer un deuxième mandat ?

Un dossier après l’autre. D’abord, il y aura les Présidentielles. Maintenant, je ne le cache pas : l’envie est là. Du moins dans la mesure où je pourrais encore faire bouger les choses. Je reste focalisée sur la fin de ce mandat.

Entretien avec Jean-Michel Cavalli (Le Républicain lorrain)