Comme de coutume en ce mois de septembre, le maire de Metz a reçu la presse régionale, mardi, autour d’un repas clin d’œil à la future grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la fameuse Acal à laquelle il va falloir s’habituer.
L’occasion pour Dominique Gros de se mettre à table. Au menu de cette entrevue terroir : ses envies et ses vues sur le rayonnement de Metz, « colonne vertébrale de la future région Grand-Est », sur le tourisme, l’économie en général et le commerce en particulier, la « sublimation de la ville en un organe puissant » à travers la transformation de la communauté d’agglomération de Metz-Métropole en communauté urbaine (lire ci-dessous), le label Unesco, les réfugiés et, plus anecdotique, mais néanmoins grand public, la prochaine suppression de places de stationnement en centre-ville… Copieux, mais digeste. Le topo…
Pro-Acal
Au sommaire de cet entretien de deux heures, la grande région Acal que le maire de Metz préfère appeler Grand-Est. Pour Dominique Gros, l’enjeu, après les palabres sur la pertinence d’un remembrement des régions, est de placer Metz sur le devant de la scène : « Metz doit devenir le siège de cette nouvelle région. La démarche est soutenue par tous les maires du Sillon lorrain (Thionville, Nancy et Épinal). Je suis confiant. » Les Alsaciens aussi.
Pro-business
Dominique Gros est pour le « business » à grande échelle. Le terme revient souvent dans la conversation. En homme de gauche décomplexé, façon Emmanuel Macron, l’élu socialiste considère que « Metz doit devenir la ville des affaires, du business » avec, comme figure de proue, son palais des congrès à 57 millions d’euros : « C’est un pari sur le développement économique. »
Pro-tourisme
Autre carburant de la ville, le tourisme. Source de revenus non-négligeable, son expansion est au centre des préoccupations du patron de l’entreprise Metz : « Le tourisme progresse … » Pour le mesurer, il suffit de tendre l’oreille à la belle saison, les rues bruissent de vocables exotiques : « L’activité touristique se développe indéniablement. Mais nous devons aller encore plus loin. Le classement de Metz par l’Unesco au patrimoine mondial est essentiel pour faire reconnaître la ville au plan international. Ce label est primordial. Nous allons mobiliser non seulement nos moyens mais également la population pour l’obtenir. Il faut que la France propose Metz, c’est la prochaine étape. J’espère que ce sera réglé en 2017… »
Chaque année, la France soumet deux dossiers à l’Unesco. Dominique Gros espère que la Metz royale et impériale – 163 hectares comprenant l’île du Petit-Saulcy, le quartier Outre-Seille et le quartier Impérial – fera partie de cette très short-list en 2017. Pas gagné. D’ici là, la Ville devra défendre bec et ongles sa candidature, à coups de publications scientifiques, d’opérations marketing, de publicité… Jacques-François Blondel, architecte de la Place d’Armes et théoricien du XIXe siècle, aura droit, par exemple, à une exposition au printemps 2017, à Paris. Objectif : faire connaître les vieilles pierres de Metz à la capitale. Capital !
Pro-piétons
Beaucoup moins consensuel que la promotion de Metz par-delà les frontières, ce projet qu’a servi Dominique Gros en hors-d’œuvre : la suppression des parkings Saint-Étienne et Jean-Paul-II. Ces aires de stationnement ne vous disent rien ? Elles sont pourtant bien visibles. Il s’agit des deux parkings de centre-ville, le premier, situé au pied de la cathédrale Saint-Étienne, surplombe la place de Chambre. Le second n’est autre que celui du Marché couvert. Deux taches au cœur du centre historique de Metz que le maire envisage de gommer de la photo : « Il faut rendre à la cathédrale toute sa splendeur. Nous allons libérer les deux espaces et les aménager en concertation avec les commerçants et les usagers. »
110 places de stationnement disparaîtraient. « Ce qui est tout à fait absorbable par les parkings alentour », a calculé Dominique Gros qui, prudent, n’entend toutefois pas passer en force : « Nous pourrions tester cela au cours de l’été 2016… Pour mesurer l’impact. »
Juste pour voir si ça fonctionne et si, surtout, cette éradication des voitures en surface ne provoque un embouteillage de réclamations. Une manière de garer en douceur une grosse décision sans trop d’éraflures.
Pro-Monop’
Comme nous l’avons annoncé la semaine dernière, Monoprix fait son grand retour à Metz, mais dans un format ramassé. L’enseigne Monop’ propose essentiellement de l’alimentaire ainsi que des plats préparés pour manger sur le pouce entre midi. Si l’on était certain que Monop’projetait une implantation rue Serpenoise avant la fin de l’année, on ne connaissait pas, jusque-là, son adresse exacte. Cette lacune est comblée, Monop’ emménagera dans la cellule que Jennyfer a libérée au 51 de la rue Serpenoise, pour rejoindre sa boutique du centre commercial Waves.
Pro-réfugiés
Sur ce point, Dominique Gros a des convictions qui ne se sont pas émoussées avec l’exercice du pouvoir. Droit dans ses bottes, il a réaffirmé, hier, son attachement aux valeurs humanistes qui portent son engagement en faveur des réfugiés fuyant les exactions de Daesh. Le maire de Metz a pris clairement position pour un accueil d’exilés forcés à Metz, entre 200 et 250 personnes, qu’il différencie des réfugiés économiques : « Je suis heureux de faire de la politique en ce moment parce que le problème des réfugiés est un sujet clivant et, moi, je sais où je suis. La haine, le refus de l’autre, là, ça porte un nom, c’est le FN. »
Avant de réunir, ce soir, les associations messines pour préparer l’arrivée de migrants, la Ville a déjà pris des mesures. D’ores et déjà, on peut, par exemple, appeler le 0 800 891 891 (Allô mairie) pour proposer un hébergement. « Nous avons déjà reçu des offres, dont l’une venant de Saint-Avold et l’autre de Belgique », s’est félicité Dominique Gros, prêt, lui-même, à mettre à disposition sa chambre d’amis.
Thierry Fedrigo