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Des LED pour éclairer la cathédrale Saint-Étienne


La cathédrale Saint-Étienne est sous les feux de la rampe chaque nuit à Metz. La Ville projette de changer le système d’éclairage, qui date de 1994, par des LED.

La nuit, c’est un phare. La cathédrale de Metz illuminée participe de l’attractivité de la ville. Mais à force d’éclairage, la lanterne du Bon Dieu consomme trop d’énergie, gomme ses atouts architecturaux, éclipse les autres monuments et perturbe les oiseaux. La Ville projette de remplacer les projecteurs par des LED. Cependant, l’opération n’est pas simple.

Depuis l’A31, on ne voit qu’elle, de jour comme de nuit. Surtout de nuit, lorsque toute la lumière semble happée par la cathédrale de Metz sur son promontoire. Les projecteurs qui la mettent en valeur datent de 1994. «Metz a été l’une des premières villes à éclairer ses bâtiments historiques. Son illumination et celle du Temple Neuf avaient fait l’objet d’un concours. C’est l’architecte François Gayet qui avait conçu l’éclairage de la cathédrale», rappelle Béatrice Agamennone, adjointe aux espaces verts à Metz.

Mais en trente ans, les points de vue ont évolué. Le contexte est aujourd’hui à la réduction des dépenses publiques. Or, si l’État, propriétaire des cathédrales en France, finance leur restauration, c’est la Ville, à Metz, qui paye l’éclairage extérieur. La facture s’établit à 32 000 euros par an. Et elle s’ajoute aux différentes subventions (pour le chauffage par exemple) versée par la commune. La sobriété énergétique est également dans l’air du temps. La lanterne du Bon Dieu, en accaparant la moitié de la consommation des illuminations de la ville, apparaît aujourd’hui bien dispendieuse.

D’autant qu’il s’agit aussi de préserver la biodiversité. Or, un certain nombre de projecteurs installés sur les flancs de Saint-Étienne éclairent autant le ciel que la pierre de Jaumont. «Ils seront interdits en 2027», note l’élue.

«On veut faire dans la dentelle»

C’est pourquoi la Ville a lancé un appel d’offres pour remplacer les projecteurs par des LED. Quatre entreprises sont en lice et ont présenté leur projet en octobre 2024, lors d’une séance de tests. «On leur a demandé de conserver l’aspect global, mais de mettre l’édifice en valeur avec un éclairage plus délicat», indique l’adjointe. Au lieu du phare actuel – «c’est tellement fort qu’on ne voit pas les détails -, on fera dans la dentelle en mettant en valeur les éléments des façades, les vitraux, ou encore les lignes de la toiture en zinc», décrit Béatrice Agamennone. Des éclairages plus ou moins intenses, et gradués du chaud (jaune à rouge) au froid (bleu, blanc), donneront du contraste.

La société qui remportera le marché aura en charge le projet d’illumination global de la cathédrale, qui sera soumis à l’arbitrage de la Ville, de l’architecte des Bâtiments de France et du ministère de la Culture. Les travaux se feront par phase, car l’édifice est grand et le budget communal limité : «On consacre 150 000 euros par an pour l’éclairage des monuments», signale l’élue. L’enveloppe sera entièrement absorbée par la première phase de mise en LED sur les sept travées de la façade nord (côté place de Chambre) de la cathédrale, d’ici fin 2025, si tout va bien. Comme tous les chantiers menés sur l’édifice, il faudra du temps pour traiter l’ensemble des façades.

Dans un contexte budgétaire contraint et incertain, le projet global risque de traîner en longueur. «On nous demande de faire des économies sur tous les postes», glisse l’adjointe au maire. Parmi les pistes explorées, «il y a la baisse de l’éclairage des bâtiments». Si les LED consomment 80 % de moins que des ampoules classiques, les installer coûte cher. Il faudra faire des arbitrages.

Éteindre la lanterne du Bon Dieu?

Depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris (dont l’origine n’a toujours pas été déterminée) et compte tenu du fait que de nombreux sinistres proviennent d’installations électriques défectueuses, l’État songe sérieusement à éteindre ses 87 cathédrales la nuit. C’est en tout cas ce qui a été rapporté lors des premiers essais des LED à Saint-Étienne, en octobre 2024 avec l’architecte des Bâtiments de France, la Ville de Metz, les chanoines et les entreprises.

«Je ne peux pas imaginer éteindre la lanterne du Bon Dieu!», s’est indigné le chanoine Thiry, coûtre de la cathédrale. En termes d’attractivité, ce serait «tellement dommage», réagit pour sa part Béatrice Agamennone. Les photos de l’édifice illuminé, et notamment celles avec la grande roue des marchés de Noël, font le tour du monde depuis plusieurs années. Plonger dans le noir «l’une des plus belles cathédrales de France» serait radical.

Une étude très poussée est en cours à la cathédrale pour évaluer l’état du réseau électrique. Par ailleurs, des alternatives existent : «On pourrait imaginer éteindre plus tôt, ou ne l’allumer qu’à certains moments, par exemple les week-ends», module l’élue. Cela arrangerait, au passage, les finances de la ville.