Le nombre de frontaliers exerçant une profession très qualifiée a triplé en vingt ans. Une étude de l’Insee Grand Est révèle que, de 9 300 en 1999, leur nombre est passé à près de 30 000 à la fin de la décennie 2010. Et la dynamique ne semble pas près de s’arrêter.
Si le nombre de travailleurs frontaliers vers le Luxembourg a doublé en deux décennies (1999-2019), le quantum de ceux exerçant une profession hautement qualifiée s’est envolé bien au-delà : «Il a été multiplié par cinq au Grand-Duché du Luxembourg et par 3,4 en Suisse», observe-t-on à l’Insee.
«La croissance est moins forte pour les employés peu qualifiés, tandis que le nombre d’ouvriers non qualifiés recule nettement, surtout outre-Rhin. En 2019, 8 200 ouvriers non qualifiés habitant le Grand Est travaillaient en Allemagne, alors qu’ils étaient le double vingt ans plus tôt».
Dynamique
La région recensait au total 183 000 frontaliers en 2019. Toutefois la dynamique varie selon les secteurs d’activité et celle-ci bénéficie désormais nettement aux professions les plus qualifiées.
Notamment ingénieurs, cadres, enseignants, médecins, et personnel de la recherche. De 9 300 en 1999, leur nombre est passé à près de 30 000.
Il y a vingt ans, la proportion de frontaliers faisant partie des familles professionnelles hautement qualifiées était nettement plus faible que pour les non-frontaliers (7 % contre 13 %). Cette proportion a plus que doublé dans la période pour parvenir au même niveau que celle des non-frontaliers (16 %).
Durant ces deux décennies, la part des frontaliers dans les métiers très qualifiés s’est accrue beaucoup plus rapidement que le nombre total des navetteurs, toutes professions confondues (+220 % contre +39 %), et que celle des non-frontaliers exerçant une profession très qualifiée (+23 %).
Les frontaliers travaillant au Grand-Duché représentent plus de la moitié de la hausse (+ 11 400 personnes), suivis par ceux ayant un emploi en Suisse et en Allemagne (+ 5 700 et +3 100).
Quatre professions concentrent 60 % de la progression dans les familles professionnelles très qualifiées : les cadres des services administratifs, comptables et financiers, le personnel d’études et de recherche, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie et de l’informatique. Ces activités représentaient en 2019 58 % des effectifs de ces professions.
Corrélé à cette dynamique, le niveau de diplôme des frontaliers s’est envolé. Alors qu’en 1999, 72 % d’entre eux n’avaient pas le baccalauréat, cette proportion est de 43 % vingt ans plus tard.
Ce personnel qualifié est plus jeune : 30 % sont trentenaires, soit 5 points de plus que l’ensemble des frontaliers. C’est notamment le cas de deux professions : 34 % des ingénieurs informatiques et 33 % du personnel d’études et de recherche.