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Déchets sauvages dans le Pays-Haut : le Luxembourg soupçonné


En juin dernier, près de huit tonnes de déchets industriels ont été ramassés en trois heures, dans une forêt communale à Tiercelet. (photo RL)

Sacs-poubelles éventrés, gravats, bouteilles en plastique… jonchent les forêts du Pays-Haut. Certains de ces déchets pourraient venir du Luxembourg.

Partout le long de la frontière, le même spectacle désolant. Des sacs-poubelles éventrés, gravats, bouteilles en plastique, bidons, tôles et planches de bois jonchant le sol des forêts et sentiers. Depuis toujours, ou presque, le Pays-Haut est particulièrement touché par cette pollution sauvage. Et quand elle ne se signale pas dans la nature, c’est aux abords des villes qu’on la remarque.

À Audun-le-Tiche, l’association Verre J’espère est chargée de collecter le verre dans les conteneurs dédiés à cet effet. Mais de plus en plus fréquemment, les bénévoles constatent avec colère que les sites sont souillés par des sacs-poubelles et des bocaux vides jetés çà et là. Les sites du carreau de la mine et de l’Écocité de Micheville ont également été la cible des pollueurs. Le premier l’an dernier et le second il y a deux ans. La mairie a bien tenté d’y faire face, en remontant jusqu’aux propriétaires des déchets, mais la chose n’est pas toujours aisée. Car il faut prendre les contrevenants en flagrant délit pour pouvoir les poursuivre.

À Errouville, le maire de la commune a récemment adressé à ses administrés un tract incendiaire invitant la population à faire preuve de civisme. Là-bas, les fauteurs s’exposent à une amende de 150 euros et à une convocation au commissariat de police.

Daniel Cimarelli, maire de Rédange, connaît des problèmes similaires sur sa commune. Comme ailleurs, il constate une hausse des dépôts sauvages depuis l’ouverture de la liaison A30/Belval, au bord de laquelle sont jetés les sacs-poubelles. «Je l’ai signalé au préfet, lequel m’a répondu que c’était à moi de nettoyer. Le problème, c’est qu’il s’agit de terrains privés. Ce sont donc les propriétaires qui doivent faire disparaître les ordures.»

Huit tonnes de déchets industriels

Pour lui, l’origine des déchets ne fait aucun doute : «Au Luxembourg, ils paient le prélèvement des ordures ménagères au kilo. Ceux qui y vivent trouvent que ça coûte cher, alors ils préfèrent jeter tout ça dans la forêt.» Un mal récurrent que le maire aborde avec fatalité : «Il faut que nous les prenions en flagrant délit. Le maire seul ne peut pas être tout le temps sur place ! Il faudrait des chevaux, des gardes champêtres pour ça. C’est un problème grave.» D’autant plus grave que ce qui est nettoyé est traité par le pôle environnement de la Communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette, qui en paye le traitement et le recyclage.

En Meurthe-et-Moselle, la situation est similaire. En juin dernier, l’association de défense de l’environnement à Tiercelet (Adet 54) a fait une découverte peu ragoûtante sur les bans communaux de Tiercelet et Hussigny.

Lors d’une opération de nettoyage, ses bénévoles ont ramassé près de huit tonnes de déchets en trois heures. Des ordures d’origine industrielle pour la plupart : carnets de commandes, bons de livraison, plannings, mais aussi des denrées alimentaires invendues (pain) et surtout des déchets industriels (gaines électriques, gravats, bidons, menuiserie) et toxiques (amiante). La grande majorité provenait de sociétés luxembourgeoises. La préfecture a été alertée, laquelle a indiqué mener une enquête sur place. «Nous sommes en relation avec les douanes qui mènent elles aussi leur enquête», précise Philippe Strappa, président de l’Adet 54.

Reste que pour le moment, aucune mesure n’a jamais permis d’enrayer ces pollutions sauvages…

Damien Golini (Le Républicain Lorrain)