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Déchets nucléaires à Bure : le dossier de demande d’utilité publique en ligne


L'éventuelle déclaration d'utilité publique ne suffirait toutefois pas à elle seule à autoriser la construction du site controversé. (illustration AFP)

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a mis en ligne vendredi son dossier de demande de déclaration d’utilité publique (DUP) pour le projet controversé d’enfouissement souterrain de déchets nucléaires à Bure.

La décision de publier les quelque 3 000 pages du dossier du projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo, dossier accessible via le site andra.fr) correspond à « une volonté de transparence », a déclaré David Mazoyer, directeur du centre de Meuse/Haute-Marne de l’Andra. La demande de DUP, formellement déposée le 3 août auprès du ministère de la Transition écologique, ouvre la voie notamment à l’enquête publique qui devrait se tenir au premier semestre 2021.

L’éventuelle déclaration – une décision pourrait intervenir fin 2021/début 2022 – ne suffirait pas à elle seule à autoriser la construction, soumise à l’obtention d’autres autorisations (environnementales, permis de construire…) et surtout à une autorisation de création, dont la demande sera effectuée « dans les prochains mois » et instruite par l’Autorité de sûreté nucléaire.

Pour rappel, le projet Cigéo vise à enfouir à 500 m sous terre quelque 85 000 m3 de déchets, les plus radioactifs ou à vie longue du parc nucléaire français, à partir de 2035.

Le dossier de demande de DUP comporte 19 « pièces », dont une étude d’impact détaillant notamment les mesures prises en matière de sécurité. Pour les « émissions de gaz radioactifs, les mesures prévues » (filtration de la ventilation vers des cheminées d’évacuation notamment) permettent selon l’Andra de limiter l’exposition humaine à un seuil « largement inférieur à la contrainte réglementaire ».

Mesures de compensation environnementales

Concernant les eaux usées, « aucun procédé ne génère d’effluents radioactifs liquides en fonctionnement normal », assure l’Andra et « toutes les eaux récupérées dans les zones dites à production possible de déchets nucléaires » sont stockées à part et envoyées pour traitement dans des installations spécialisées situées ailleurs en France.

La demande prévoit aussi des mesures de compensation environnementales « sans perte nette de biodiversité », notamment en matière de foncier. Les installations doivent couvrir quelque 500 hectares et l’Andra a prévu au total quelque 2 600 hectares de « réserve foncière » (site proprement dit et compensations). La DUP éventuelle permettra notamment des expropriations, mais selon l’Andra seule une trentaine d’hectares nécessaires au projet ne sont pas encore « maîtrisés ».

Le dossier liste également les nuisances – bruit, pollution, poussière – liées à un « chantier hors-norme », selon David Mazoyer, dont la durée totale pourrait atteindre une vingtaine d’années et les mesures d’atténuation prévues. Il chiffre à quelque 2 000 emplois directs les retombées maximales du chantier et à 6/700 emplois directs à long terme.

Le projet Cigéo est vivement contesté sur le terrain comme devant les tribunaux par des militants écologistes qui dénoncent sa dangerosité. Après l’annonce en septembre du dépôt de la demande de DUP, le réseau Sortir du nucléaire avait dénoncé « un projet inutile et dangereux, présentant de multiples failles de conception, dont le coût, artificiellement minimisé, représentera un lourd fardeau pour les générations futures ».

LQ/AFP