« La prise en compte des enjeux environnementaux n’apparaît pas toujours suffisante », a relevé lundi l’Autorité environnementale (Ae) qui a donné ses recommandations et relancé la polémique sur le dossier controversé d’enfouissement souterrain de déchets nucléaires à Bure (Meuse).
L’Ae a rendu un avis détaillé qui s’inscrit dans le dossier de la Demande d’utilité publique (DUP) que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a publié. Cette DUP devrait être examinée dans le courant du premier semestre.
Dans la synthèse de son avis, l’Autorité environnementale, qui n’a pas fonction à se prononcer en faveur ou non du projet, a estimé que « l’analyse des risques et des impacts, à long et très long termes, a vocation à être complétée et affinée à l’occasion des actualisations successives de l’étude d’impact, et particulièrement pour la demande d’autorisation de création de l’installation de stockage ».
Il est ainsi recommandé à l’Andra de mieux démontrer le caractère asismique du sous-sol pour justifier l’implantation du site, et de reprendre par ailleurs les études du potentiel géothermique du sous-sol de Bure par des géologues indépendants.
Concernant les alternatives à l’enfouissement à Bure, l’Ae a relevé que « l’examen des solutions de substitution s’est appuyé sur une connaissance encore imparfaite de l’état initial, ce qui suggère que la prise en compte des enjeux environnementaux pourrait être meilleure ».
« De façon générale, tant pour ce qui concerne le traitement des déchets, le type de stockage, le choix de la couche d’argilite, l’implantation exacte des installations du projet que pour l’avenir du territoire qui le porte, la prise en compte des enjeux environnementaux n’apparaît pas toujours suffisante », a insisté l’Ae.
Pour un collectif, l’Ae a émis un « avis explosif ».
« D’autres incertitudes quant aux incidences sur les sites Natura 2000 et aux impacts sur les milieux aquatiques doivent également être levées », a-t-elle ajouté.
L’Ae a enfin fait reproché à l’Andra de ne pas présenter de « rapport de sécurité sur le site » en lui-même dans le cadre de sa demande de DUP. « Il est nécessaire de se référer à d’autres études et dossiers pour avoir une vision de la maîtrise des risques sur le site », a-t-elle regretté, remarquant que « l’étude d’impact n’aborde pas les situations accidentelles ou ne le fait que ponctuellement pour ce qui concerne les eaux ».
Les opposants au projet meusien ont repris les critiques de l’Ae.
« L’Ae ne se contente pas de mettre en doute la maturité du projet, soulignant que la possibilité de récupérer les déchets n’est toujours pas démontrée; elle met également en évidence un nombre très important d’informations manquantes sur des sujets cruciaux », a fait observer le Réseau Sortir du Nucléaire, constatant aussi que cet avis corrobore « les critiques portées depuis près de 20 ans par les acteurs associatifs’.
Pour le Collectif Meuse contre l’enfouissement des déchets radioactifs, l’Ae a émis un « avis explosif ».
« Sûreté, choix de l’argilite de Bure, sismicité, impacts sur l’eau, schéma de transports, retour sur accidents dans le labo, risques pour les populations riveraines et l’environnement, développement économique du territoire et même géothermie, tout y passe et ce n’est pas bon du tout pour l’Andra », a commenté l’association.
L’Andra doit répondre à l’avis de l’Ae avant l’ouverture de l’enquête publique prévue dans le cadre de cette DUP.
AFP/LQ
Le site de Bure ne représente qu’un risque infinitésimal, contrairement aux mensonges des écolos-pastèques (vert dehors mais rouge dedans)