Anne Grommerch a succombé à la maladie à l’âge de 45 ans. La députée-maire de Thionville, qui luttait contre un cancer, a forcé l’admiration de la classe politique et de ses administrés par son courage et son dynamisme.
Thionville s’est retrouvée en état de choc vendredi. L’annonce du décès de la députée-maire Anne Grommerch, à l’âge de 45 ans, a sonné les habitants, jusque dans les rangs de la majorité municipale. Tous savaient qu’elle luttait depuis plusieurs années contre la maladie, un cancer. Mais rares sont ceux qui avaient réellement compris l’imminence d’une issue fatale.
En ville, c’était la stupeur. Maire de Thionville depuis 2014, Anne Grommerch avait réussi à nouer des liens très étroits avec la population. Et même si ces élections avaient été enlevées de haute lutte face à ses adversaires socialistes, la parlementaire des Républicains forçait l’admiration par son courage, son énergie et son esprit humaniste. Proche des gens, elle ne laissait personne indifférent et ne lâchait aucun dossier.
Arrivée en politique en 2007 par la petite porte du conseil municipal de Roussy-le-Village, Anne Grommerch était devenue députée en 2008 à la mort de Jean-Marie Demange (qui s’est suicidé après avoir tué son ex-maîtresse). Ce dernier était venu chercher la travailleuse frontalière, directrice commerciale de Coca-Cola au Luxembourg, pour qu’elle devienne sa suppléante. Elle s’était alors très vite imposée comme une femme de caractère, déterminée, et elle avait réussi à s’imposer dans le Nord mosellan lors de la campagne des législatives de 2012, en conservant son siège face au maire de Thionville d’alors, Bertrand Mertz.
Emotion jusqu’au sommet de l’Etat
Insatiable, Anne Grommerch avait alors tourné son regard vers Thionville, avec l’appui notamment de Patrick Weiten, qui avait usé de tout son poids pour l’aider à ravir de 77 voix la deuxième ville de Moselle à la gauche au terme d’une campagne tendue en 2014.
Cette élection avait été annulée et entachée d’irrégularités. Une instruction judiciaire est toujours en cours pour une affaire de procurations frauduleuses dans laquelle trois de ses proches collaborateurs sont mis en examen. Ce qui ne l’avait toutefois pas empêchée d’être réélue plus largement en 2015. Puis elle avait logiquement brigué la présidence de l’agglomération en janvier dernier, après le départ de Patrick Weiten, élu vice-président de la Région Grand-Est. Ce dernier, bouleversé par le décès, a indiqué : « Je perds plus qu’une amie, un membre de ma famille. Elle incarnait l’optimisme et la joie de vivre. »
Les réactions ont été nombreuses, jusqu’au sommet de l’Etat. Le Premier ministre Manuel Valls a exprimé son émotion sur Twitter. François Fillon a évoqué son « amie courageuse et attachante ». Parmi les parlementaires, François Grosdidier, député de Moselle, retient « sa volonté farouche de vivre pour les siens et d’agir pour les autres ».
Native de Thionville (elle y avait vu le jour le 11 décembre 1970), Anne Grommerch avait réussi à se faire un nom à Paris. Elle était devenue secrétaire nationale de l’UMP et membre du bureau politique. Certains lui prédisaient un destin national mais ses problèmes de santé l’avaient incitée à se rapprocher des siens, déclarant qu’elle ne briguerait pas de troisième mandat de députée en 2017.
Anne Grommerch était mariée et mère de trois enfants. Ses obsèques seront célébrées mercredi à 15h en l’église Saint-Maximin de Thionville.
O.S. (Le Républicain lorrain)