Trois copains d’enfance ont quitté leur Pays-Haut pour un trip de huit mois à travers le monde. Cyril, Benoît et Florent carburent aux rencontres.
De Thionville à Phoenix, en Arizona, la connexion téléphonique est plutôt mauvaise. Mais ça passe. Les trois garçons, cueillis au réveil, ont mis le haut-parleur dans la chambre du motel où ils font escale. Benoît Montanari, Florent Lang et Cyril Tassi ont quitté leur Pays-Haut en septembre dernier pour faire le tour du monde. « On commençait à s’ennuyer dans nos vies pépères, rangées, entre l’appart et le boulot », racontent-ils. Ça promet. Car, en réalité, ces copains d’enfance sont âgés de 26-27 ans.
« C’est difficile de tout lâcher »
Ils ont pris un an pour boucler leur itinéraire. Pour tout calibrer. Pour économiser aussi. Ils se sont fixé un budget de 15 000 euros pour huit mois de dépaysement. Après cela, reste à faire le grand saut : « C’est difficile de tout lâcher pour partir », confesse Cyril. Ils ont trouvé l’impulsion en achetant leurs billets pour un festival de musique électro à Sydney. « Une fois les places prises, on ne pouvait plus faire marche arrière ! », s’amusent-ils.
Les trois potes, infirmier, programmateur en informatique et architecte, prennent congés ou démissionnent. En septembre, ils débarquent en Océanie. Ils explorent l’Australie en camping-car, enchaînent sur la Nouvelle-Zélande, puis mettent le cap sur l’Amérique du sud : l’Argentine, le Pérou. Ils remontent sur Cuba, le Mexique.
Actuellement, ils traversent les États-Unis d’Ouest en Est et finiront au Québec. L’argent commence à manquer. « On se demande si on ne va pas rentrer en slip ! », s’amusent-ils. Car dans leur programme très serré, difficile de travailler régulièrement pour équilibrer le budget. « Quelques billets d’avion étaient réservés d’avance. Après, on est allés là où nos pieds nous ont menés ! » Tout en faisant face aux impondérables.
« On recommence à avoir foi en l’humanité »
Cyril, Florent et Benoît écument les campings, les auberges de jeunesse, les hôtels. Ils ont parfois dormi chez l’habitant, « voire dans l’aéroport ». « On a fait du Woofing en Nouvelle-Calédonie. » Le principe ? Aider l’hôte propriétaire d’une ferme en échange du gîte et du couvert. Le trio multiplie les rencontres et encaisse avec euphorie les chocs culturels. « On découvre d’autres modes de vie. Plus on voyage, plus on recommence à avoir foi en l’humanité , tente d’expliquer Cyril. Quand on a un sac sur le dos, les gens sont là pour aider. »
Les garçons ont pris de la distance, dans tous les sens du terme. « On se rend compte qu’on est vraiment pas mal lotis en France. On a du pot », glisse Florent. Difficile de faire le tri dans les coups de cœur qu’ils collectionnent depuis des mois. En revanche, ils sont unanimes sur un point : « Cuba est le pays qui nous a le plus déçus. On ne peut pas prendre contact sans qu’il ne soit question d’argent. »
Le voyage touchera à sa fin mi-mai pour deux d’entre eux. Le troisième prolongera un peu son séjour au Québec. Mais avant même d’être rentrés chez eux, à Russange, Rédange et Audun-le-Tiche, ils ont déjà la bougeotte. Car leur tour du monde n’est pas terminé : « L’objectif est de se refaire un peu d’argent et de repartir pour l’Asie et l’Europe de l’Est. » Cyril, Florent et Benoît y ont pris goût. Et ils ne sont pas près d’être rassasiés : « Le monde est bien trop grand ! »
Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)