Le financement participatif se développe en Lorraine. Si les projets économiques sont les premiers à en profiter, le patrimoine en bénéficie aussi. Exemples au théâtre des Bleus à Bar-le-Duc et au musée de la Cour d’or de Metz.
«Cette générosité, c’est dingue ! En 45 jours, nous avons levé 13 500 €. C’est 1 000 € de plus que l’objectif fixé. » Etienne Tagnon, Anthony Marty et Loïc Alif n’en reviennent pas. Ces trois copains du lycée de Bar-le-Duc, aujourd’hui proches de la trentaine, se sont lancés dans un projet aussi fou que colossal : rénover le théâtre des Bleus de Bar. Menacé de destruction, ce petit bijou à l’italienne de 1902 est devenu, en mai 2016, la propriété de leur association. Sauf que la facture de rénovation est plutôt salée : 800 000 € HT.
Dossier
« Vu que les subventions publiques sont de plus en plus difficiles à décrocher, nous avons décidé de lever 50 % de fonds privé », raconte Etienne Tagnon. Une campagne de crowdfunding (financement par la foule) est lancée sur la plateforme Ulule. Bingo ! Plus de 300 contributeurs, essentiellement barisiens et meusiens, versent en moyenne 30 à 40 € : « Au-delà de l’aspect financier, cette émulation populaire nous a donné du baume au cœur. Cela prouve que nous sommes dans le vrai. Et cela démontre l’attachement à ce lieu. » Parallèlement, l’appel lancé via la Fondation de France recueille 25 000 €. « Tout cela va nous permettre de démarrer les premiers travaux d’électricité, de toiture et d’élagage », se réjouit Etienne Tagnon, bien décidé à lancer chaque année une nouvelle souscription.
Le mécénat dépoussiéré
Vieux comme le capitalisme, le financement participatif est devenu la nouvelle tarte à la crème des porteurs de projets, depuis qu’il s’appuie sur internet et les réseaux sociaux. Le principe a même gagné les collectivités, de plus en plus exsangues financièrement.
Metz Métropole y a succombé cette année pour le financement de la nouvelle entrée du musée de la Cour d’or. La campagne, encore en cours, a récolté 45 000 € via la Fondation du Patrimoine. Une goutte d’eau pour ce chantier à 5 M€. Mais la démarche va bien au-delà.
« Le financement participatif dépoussière l’image du mécénat. Cela offre un axe de communication hyper qualitatif. Environ 170 particuliers ont fait des dons de 5 à 2 000 €. En contrepartie, nous en faisons des privilégiés. Cela nous permet de nouer avec eux un dialogue. Ces donateurs seront nos meilleurs ambassadeurs , estime Aurélie Reder.
La responsable du mécénat occupe un poste spécialement créé par la collectivité pour aller chercher des financements extérieurs. En période de disette, tous les moyens sont bons. Même si les entreprises en recherche de défiscalisation restent des valeurs sûres. La fondation Total a ainsi investi 100 000 € dans ce projet messin. Et la participation de 22 autres entreprises permet une levée de fonds identique.
À Bar-le-Duc, l’assureur CGPA a versé 38 000 €. Une preuve que l’histoire est un éternel recommencement. Le théâtre des Bleus avait déjà été construit, au début du XXe siècle, par des mécènes locaux.