Maison trois pièces à vendre à Crusnes. Prix : 280 000 euros. L’annonce est parue sur Le Bon Coin. Mais il ne s’agit pas d’une maison ! C’est l’église Saint-Barbe, en fer, qui cherche un acquéreur. Sa propriétaire n’a pas réussi à y concrétiser ses projets.
Certains Crusnois, anciens mineurs, les enfants et même les petits-enfants y ont cru dur comme fer. En avril 2015, celle qui a été le témoin de leur vie, qui a accompagné les moments heureux comme les plus tristes allait renaître grâce au rachat de l’église en fer.
Mais voilà, quatre années plus tard, la nouvelle est tombée comme un couperet : Léonore Scherrer se sépare de Sainte-Barbe, celle-ci est de nouveau mise en vente pour la somme de 280 000 euros.
Pour ce prix-là, il y a 500 m² de surface, un bâtiment classé aux Monuments historiques, mais de gros travaux à prévoir.
Projets avortés
Léonore Scherrer avait en projet (projet qui n’a jamais vu le jour ni la moindre petite note de musique), un studio d’enregistrement de musique sacrée. Pourquoi pas ? Sainte-Barbe a bien été la vedette du film d’Olivier Dahan, le réalisateur des Rivières Pourpres 2.
Et pourtant, une association Les Amis de Sainte-Barbe, créée en 1988, s’est battue pour le classement de l’édifice, ce qui fut le cas en 1996, puis pour obtenir des fonds afin d’engager des travaux extrêmement spécialisés.
La dame de fer
C’est le 22 janvier 1988 que Georgette Lecomte décide de sauver l’église. Les canalisations ont éclaté une fois de plus, transformant la nef en patinoire. Elle décide d’écrire à FR3 pour plaider la cause de cette église. Michel Depeyre, alors P.-D.G. de la multinationale Astron, offre la réfection de la toiture.
Georgette Lecomte rassemble plus de 150 000 francs. Dans un article du RL , surnommée « la dame de fer », elle explique : « La première tranche entreprise en 1997, qui comprenait le chœur, le vitrail et les trois fresques est achevée, malgré les nombreuses difficultés rencontrées par l’entreprise adjudicataire, pour l’assemblage des palplanches. Il a fallu remédier au problème d’évacuation des eaux afin d’éviter la corrosion et faire en sorte que le problème ne se repose plus d’ici quelques décennies ».
« Elle n’a rien fait »
Vingt-trois ans plus tard, la rouille a repris du terrain, l’eau de pluie s’est infiltrée et a pris possession de la tribune qui surplombe la nef, descend les escaliers pour finalement imbiber le parquet, soulevant les lames.
Quelques cadavres d’oiseaux accentuent ce spectacle peu engageant qui témoigne de l’abandon de cette église : « Elle n’a rien fait, souligne Alain Eckel, le maire de Crusnes. Rien, si ce n’est l’installation d’un système d’alarme qui ne fonctionne même pas ».
Le Républicain Lorrain