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Cri d’alarme contre le piteux état de la prison d’Arlon


La Commission de surveillance de la prison d’Arlon demande en urgence les rénovations de plusieurs cellules. (Photo : Archvies EDA Claudy Petit)

Ce cri d’alarme est lancé par les membres, bénévoles, de la Commission de surveillance de la prison d’Arlon. L’Etat belge tarde à rénover les sections 7 et 8 de la prison d’Arlon, en piteux état.

À ne pas confondre avec les visiteurs de prison, qui aident à l’écoute et à la future réinsertion des détenus, les commissions de surveillance des prisons (il y en 37 pour la Belgique) veillent à vérifier les conditions de détention en milieu carcéral.

Voir si les critères d’hygiène sont respectés. Examiner aussi auprès des détenus s’ils sont des difficultés relationnelles entre eux ou à l’égard des agents.

Bernadette Toussaint, juriste de formation après une longue activité au ministère des Finances, et Martine Bariau, qui a cessé il y a peu de temps ses activités d’avocate, font partie de ces bénévoles appartenant à la Commission de surveillance de la prison d’Arlon.

Nous les avons rencontrées à quelques jours des Journées nationales de la prison qui se tiendront du 14 au 24 novembre.

« Nous sommes leur bouffée d’oxygène »

Comment travaillent les membres de la Commission de surveillance de la prison d’Arlon ? Ils sont de garde à tour de rôle chaque mois et interviennent par équipe de deux, au moins une fois par semaine. « Nous allons rencontrer les nouveaux arrivants (il y en a régulièrement 4 ou 5 nouveaux chaque semaine), on leur explique notre rôle, on leur demande s’ils bénéficient d’un avocat, d’un médecin, on vérifie s’ils ont reçu le règlement d’ordre intérieur de la prison, etc. », explique Martine Bariau.

« Nous sommes un peu leur bouffée d’oxygène venant de l’extérieur. Nous veillons à être bienveillantes, jamais dans le jugement. D’ailleurs, nous ne connaissons pas ce pourquoi ils ont été condamnés. Nous les écoutons en leur parlant aussi de choses positives qui se passent à l’extérieur de la prison », affirme Bernadette Toussaint.

En plus de leurs visites, Bernadette, Martine et leurs collègues bénévoles relèvent régulièrement les courriers que leur adressent les détenus dans une boîte aux lettres spécialement conçue à cet effet.

Le climat est relativement bon à la prison d’Arlon et peu de plaintes sont exprimées par les détenus à l’égard des agents pénitentiaires. On dénombre de plus en plus de femmes parmi ces agents, peut-être celles-ci sont-elles plus dans l’empathie et l’écoute naturelle que leurs collègues masculins ?

« Un des problèmes actuels pour les détenus à Arlon est de pouvoir cantiner correctement, c’est-à-dire acheter différentes choses. Mais ils ont un travail rémunéré à 1 € de l’heure seulement et en plus, il n ‘y a pas assez de travail dans les ateliers. Donc il y a des détenus qui ne peuvent rien acheter et s’en plaignent auprès de nous », dit encore Toussaint. « S’il y a un problème en tout cas, nous le consignons dans un rapport et il est soumis aux directrices de la prison. »

Les sections 7 et 8, la cata

La prison d’Arlon, construite en 1867, est la plus vieille maison d’arrêt et de peines de tout le pays.

Elle a déjà connu plusieurs rénovations, dont celle, réussie, de la partie administrative, mais en revanche la rénovation des sections 7 et 8, les plus vétustes, est dans les cartons du SPF Justice depuis des années et n’a toujours pas été programmée.

« C’est une honte ! C’est indigne », s’insurge Martine Bariau, prête à porter de nouveau sa toge pour clamer son indignation.

Il existe 8 sections à la prison d’Arlon, deux pour les personnes en détention préventive et six pour les personnes condamnées et purgeant leur peine. « Mais il faut voir la partie la plus ancienne, ces sections 7 et 8 ! Par exemple, dans la cellule 707 où les détenus sont à 4, le WC est cassé, l’évier est fissuré, une fenêtre laisse passer l’air frais en hiver et les matelas sont tellement vieux et dégradés qu’on doit mettre du scotch pour que la mousse ne se déchire pas davantage ! Nous n’en voulons pas aux trois directrices qui sont conscientes de ces conditions de détention pitoyables. Elles voudraient, comme nous, qu’enfin l’État belge rénove ce qu’il a promis », termine Martine Bariau.

Il est grand temps qu’un gouvernement fédéral soit sur pied et que le nouveau ministre responsable de la Régie des bâtiments place en tête des dossiers celui de la rénovation de la prison d’Arlon.

Dominique Zachary
(L’Avenir)