Ah, l’Europe ! Vaccinée 2 fois avec de l’AstraZeneca au Luxembourg, qui ne veut plus vacciner les frontaliers, Cécile, de Basse-Ham près de Thionville, ne parvient pas à obtenir de la France la reconnaissance de ses premières doses. Pour continuer à travailler, elle a reçu lundi sa première injection française.
Cécile, 34 ans, a reçu lundi après-midi à l’hôpital Bel-Air de Thionville sa 3e injection contre le Covid. Jusque-là, rien de plus normal. Sauf qu’au regard de l’administration française, il ne s’agit que de sa première. La trentenaire doit tout recommencer à zéro. Une histoire ubuesque, comme seule la paperasserie européenne peut en générer !
Aide-soignante au Luxembourg, cette frontalière reçoit en février et avril 2021 ses deux premières doses. L’injection a lieu sur son lieu de travail, à une époque où la caisse nationale de santé (CNS) du Grand-Duché se déplace elle-même en milieu médical pour administrer à tous le vaccin.
Cécile reçoit ensuite une invitation pour son rappel, appelé «dose booster» de l’autre côté de la frontière. Sauf qu’entre-temps, cet été, la Mosellane contracte le Covid. Ce qui lui vaut l’obtention d’un certificat de rétablissement qui court jusqu’au 23 février. Elle n’a donc logiquement pas demandé son rappel. Et c’est là que l’affaire se complique.
Pas d’équivalence en France
Car depuis, le Luxembourg ne vaccine plus les frontaliers. Cécile a bien tenté, mais elle s’est fait refouler d’un centre parce que «Française». La CNS lui confirme par téléphone cette impossibilité. Qu’à cela ne tienne, Cécile se dit qu’elle ira chercher son rappel en France. Sans se douter qu’un no man’s land administratif l’y attend. Car l’aide-soignante a la malchance d’avoir été doublement vaccinée avec AstraZeneca. Très utilisé au Luxembourg, le vaccin britannique a fait long feu en France.
Au point qu’il y a même été banni des logiciels de santé, l’empêchant d’obtenir l’équivalence en France de ses deux vaccins luxembourgeois : «Ils figurent sur son matricule CNS mais ne peuvent basculer sur sa carte Vitale, alors que cela aurait été possible avec du Pfizer ou du Moderna. Nous avons tenté auprès de pharmacies, à l’hôpital Bel-Air ou en contactant la CPAM de Moselle, mais rien n’y fait», confie, dépité, Thomas, son mari.
« Plus le temps »
Depuis l’obligation de présenter un pass sanitaire (CovidCheck) à jour pour pouvoir travailler au Luxembourg, Cécile n’a plus le choix. Son certificat de rétablissement arrivant à échéance le 23 février, et face à ce blocage administratif sans issue, elle doit tout recommencer à zéro en France dès le lundi 31 janvier.
Comme l’explique Thomas : «Nous n’avons plus le temps de nous lancer dans des démarches. Elle recevra sa deuxième dose dans trois semaines et son pass sanitaire s’activant sept jours après, elle n’aura à poser qu’une seule semaine de vacances pour pouvoir ensuite retourner travailler dans les règles.»
Avec la certitude d’être parmi les mieux protégées contre le virus…
(Philippe Marque – Le Républicain Lorrain)