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Cour d’appel de Metz menacée de fermeture : les avocats bloquent les tribunaux


Il y avait foule à l’assemblée générale messine, hier matin. Les avocats ont voté massivement en faveur d’une grève dure. (Photo : Pascal Brocard)

Des informations récentes ont réveillé les peurs autour de la disparition de la cour d’appel de Metz. Les avocats messins se mettent aujourd’hui en grève. Un mouvement dur, total. Suivi par les Thionvillois.

Au mieux, ce matin, la justice messine tournera au ralenti. En votant la grève et le blocage, hier, les avocats espèrent voir les portes du palais de justice rester closes. Les robes noires veulent tout bloquer et marquer les esprits.

Ce serait le premier signe fort d’un mouvement de contestation contre la justice de demain, et la fermeture de deux tiers des cours d’appel, dont celle de Metz. Un mouvement encore naissant, qui devrait s’étendre rapidement. Thionville a embrayé dans la soirée en votant également un blocage. Sarreguemines va suivre. Bientôt, ce vent de mécontentement soufflera bien au-delà de la Lorraine. « Ce qui est en jeu dépasse le cadre des avocats et va toucher de plein fouet les justiciables. C’est le système judiciaire dans son ensemble dont il est question », explique un contestataire.

Meneur de la fronde, le bâtonnier messin Marc Charret s’est fait le messager de mauvaises nouvelles, hier lors d’une assemblée générale qui a rassemblé, c’est un signe, beaucoup plus que d’habitude. « Il faut me croire sur parole. Ce ne sont pas des rumeurs. Dans les tiroirs de la Chancellerie, il y a un projet de réforme de la carte judiciaire. Un projet qui ne dit pas son nom. »

Contactée ces derniers jours, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a fait savoir qu’il était hors de question de fermer la cour d’appel messine. « On va lui retirer son autonomie financière en faveur de celle de Nancy. C’est le début du « détricotage »… Cela veut dire la même chose. » Une carte existe. Nancy y est valorisée. Metz y apparaît presque insignifiante. Marc Charret est persuadé que la réforme « trouvera son prolongement dans le transfert des contentieux civils et commerciaux, ce sont les informations les plus récentes. A ce rythme, Metz deviendra une coquille vide. Au mieux, nous serons une chambre détachée. C’est une interprétation que nous faisons. Mais… »

Le système va se gripper

Les avocats sont vent debout contre cette éventualité. Dans la salle bondée, les interventions inquiètes se succèdent. « Après la réforme de la procédure d’appel, on veut éloigner les justiciables des juges. Bientôt, il n’y aura plus d’appels. C’est inimaginable », gronde un futur gréviste.

« Si on supprime la cour d’appel, c’est l’effet domino : cela va toucher les tribunaux d’instance, dénonce Marc Baerthelé, le bâtonnier thionvillois. Puis les barreaux. Les raisons de cette réforme sont d’ordre financier mais on sait qu’on ne fait pas d’économies en fermant des juridictions. On devrait rajouter des moyens et on fait tout le contraire. Il faut s’asseoir autour d’une table avec la garde des Sceaux, discuter, dire ce qui ne va pas et voir ce qu’on peut réformer. »

Pour l’heure, les avocats mosellans ne veulent pas discuter. Mais agir. « Et frapper fort ! » A Metz et Thionville, ils bloqueront le palais de justice pendant trois jours. Il n’y aura pas d’avocat pour assurer les gardes à vue. Pas d’avocat en commission disciplinaire, aucune désignation d’office. Même le procès d’assises va être reporté. Les avocats ont voté pour une grève dure, comme il n’y en a jamais eu à Metz. Le système va se gripper.

Ils scruteront ensuite vendredi les mots de leur ministre, qui réunit la presse. « Il faut qu’elle sache qu’on ne lâchera rien. » Marc Charret dans le texte.

Kevin Grethen ( Le Républicain Lorrain)