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Coup de jeune en Moselle


L’opposition PS n’a pas présenté de candidat face au président sortant. Mais elle a promis qu’elle « sera constructive » au sein d’une assemblée départementale qui a été considérablement renouvelée et rajeunie.

Une victoire nette, sans bavure et sans suspense. Seul candidat à sa propre succession, l’UDI Patrick Weiten a été élu, jeudi, président du premier conseil départemental de Moselle après avoir « assumé la 21 e et dernière présidence de l’un des plus prestigieux et regrettés fils de la révolution française  : le conseil général de la Moselle », a-t-il souligné, un brin ému, devant sa famille au grand complet, petits-enfants compris.

Élu triomphalement dimanche sur le canton de Yutz (74 %), il a fait, jeudi, le plein de voix (40 sur 40) d’une majorité de droite bigarrée (UMP, UDI et indépendants). Un score flatteur pour l’ego, bien préparé par l’UMP Denis Jacquat  : « Au nom de nos deux groupes, nous avons décidé de présenter Patrick Weiten. Le président sortant a fait un excellent travail. »

Même l’opposition de gauche s’est inclinée. Son acte d’allégeance n’est pas allé jusqu’à voter Weiten (14  blancs). Mais en ne présentant pas de candidat, elle a raté son entrée en matière. « À quoi bon? On sort d’une défaite électorale. Nous sommes en phase de reconstruction et abordons ce mandat avec beaucoup d’humilité », se défend le Messin Sébastien Koenig, propulsé à 42  ans chef de groupe. De quoi augurer d’une opposition peu féroce ? « Elle sera constructive », rectifie l’élu.

Il est vrai que la nouveauté, jeudi, était ailleurs. Dans cette assemblée considérablement renouvelée, avec 34  arrivants pour 20  sortants. Parité oblige, elle se compose de 27  femmes. Sa devancière n’en comptait que six, dont quatre suppléantes ! Un renouveau synonyme aussi de rajeunissement pour un hémicycle qui donnait parfois l’impression –  si on voulait être méchant  – de se rapprocher des maisons de retraite dont il a la compétence. Quarante-deux ans séparent encore le doyen Claude Bitte, bientôt 74  ans, de la benjamine Katia Muller, 32  ans. Mais entre eux, on trouve six trentenaires et seize quadras. Les plus de 70  ans ne sont plus que six.

« Un front républicain permanent… »

Patrick Weiten, pour sa part, n’a pas tardé à saisir la tribune politique qui lui était offerte. Très marqué par le taux d’abstention et la montée du Front national (FN) dans son département, il a ensuite appelé son assemblée à la mise en œuvre « d’un front républicain permanent de services, d’écoute, d’aide, de soutien et d’accompagnement ».

Mais, comme si rien n’avait changé, il a surtout repris le jeu de massacre du gouvernement qui a animé sa dernière année de mandat. Donnant à « l’illisible » redécoupage cantonal « la note de 7  sur 27 », en référence aux seulement 7  cantons gagnés par la gauche  : « Ces nouveaux territoires et équilibres négligent la qualité de l’espace rural tout en amplifiant l’emprise hégémonique de l’urbain. » Il y a ajouté « la méconnaissance de nos compétences, l’appauvrissement de nos moyens, l’émergence non-maîtrisée des futures mégarégions ».

De quoi donner à Sébastien Koenig sa première occasion d’ironiser  : « La droite se plaignait du redécoupage, elle a remporté 20  des 27 cantons. De la même manière, elle se dit aujourd’hui ravie de la parité. » Une mesure de gauche…

Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)