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Communales : changement de cap à Nancy et à Metz, le point à la frontière


Mathieu Klein (à gauche), est le nouveau maire socialiste de Nancy. Il l'emporte en tandem avec les verts. François Gorsdidier, de droite, est le nouveau maire de Metz. Il l'emporte avec l'aide des centristes (LREM) (Photo : DR et le Républicain Lorrain).

Abstention record et vague verte : voici les deux enseignements des élections municipales françaises. Au niveau local, l’enseignement phare est dans le changement de majorité des deux plus grandes villes de Lorraine.

Metz repasse à droite, Nancy vote socialiste, l’abstention domine… tour d’horizon des cinq pôles frontaliers.

Metz : François Grosdidier, ancien maire de Woippy et sénateur, prend la tête de la capitale mosellane à un cheveu, avec moins de 200 voix d’avance. Une victoire plus large lui était promise initialement. Son adversaire, Xavier Bouvet, visage d’une jeunesse engagée à gauche -il a refusé une alliance avec LREM entre les deux tours- aura réalisé l’exploit d’une « remontada » inachevée. François Grosdidier, 59 ans, a expliqué être conscient de la « justesse » de son succès, ainsi que de la forte abstention : 67,6% des inscrits n’ont pas voté à Metz, contre un taux autour de 60% sur le plan national.

Nancy : la commune ne compte « que » 800 frontaliers. Mais assurément, son nouveau maire, Mathieu Klein, pèsera dans le débat frontalier. L’abstention a été plus faible dans la capitale meurthe-et-mosellane : 57,7 % des inscrits, tout de même, n’ont pas été voter. Mathieu Klein, socialiste, a été élu avec le concours des verts dans une alliance déterminée très tôt après le premier tour. Sa victoire est nette (54,5%) et historique pour la Cité des ducs, qui n’avait jamais connu de maire socialiste depuis l’après-guerre. À 44 ans, Mathieu Klein apparaît comme le renouveau d’une sociale démocratie lorraine dont le dernier visage fort était… l’ancien maire de Metz, Dominique Gros.

Thionville et Longwy : les deux grands bassins frontaliers ne changent pas. À Thionville (61,6% d’abstention), Pierre Cuny (droite) reste maire avec une avance confortable de dix points sur le deuxième. Il a eu fort à faire avec le maintien d’un autre candidat de droite, Patrick Luxembourger, qui a tout de même fait 31,7% des votes au second tour. La surprise vient du faible score du tandem gauche/vert : 26,8 % des inscrits. La tête d’affiche du tandem, Bertrand Mertz (socialiste), s’est fendu d’une diatribe à peine voilée envers les frontaliers, dénonçant un score avec ses alliés verts à rebours de toutes les tendances nationales dans une ville où les électeurs « ne voient pas plus loin que le bout de leur BMW » (cité dimanche soir par le journal La Semaine).
À Longwy, l’autre bassin de vie frontalier, l’abstention a crevé les plafonds : plus de 75% des électeurs ne se sont pas déplacés ! Le socialiste Jean-Marc Fournel reste maire. Les électeurs avaient pourtant un choix inédit avec quatre visages au second tour (une rareté dans les communales françaises) : un centriste (Eduard Jacque), un visage de droite (Mathieu Servagi) et un autre à gauche de la gauche (Marco Agostini)… rien pour convaincre les électeurs de se déplacer visiblement, malgré de nombreux débats à la clef.

Ceinture rouge en proche frontière : Audun-le-Tiche bascule au Front de gauche (élection de Viviane Fattorelli), tout comme Villerupt le reste (dès le premier tour, élection du jeune communiste Pierre Spizak). Mont-Saint-Martin, ville voisine de Longwy qui ne cesse de prendre du poids, a également réélu Serge de Carli (communiste) haut la main (65% des voix). Sur le versant mosellan, la droite reste dominante, avec par exemple Roland Balcerzak à Hettange-Grande.

Hubert Gamelon

Tendance en France : la vague verte

Lyon, Bordeaux, Strasbourg… en raflant un nombre historique de grandes villes, les Verts sortent grandissimes vainqueurs des municipales, une réalité dont Emmanuel Macron devra tenir compter au moment de recevoir lundi les membres de la Convention citoyenne pour le climat.

Trois mois après un premier tour déjà chamboulé par la crise du coronavirus, le deuxième tour a de nouveau été marqué dimanche par un taux d’abstention record, autour des 60%, malgré des précautions sanitaires exceptionnelles et le port du masque obligatoire dans les bureaux de vote.

Cette désaffection des électeurs a suscité la « préoccupation » d’Emmanuel Macron. Mais elle n’occulte pas la hauteur de la vague verte qui a déferlé sur les grandes villes de France, jusqu’à Paris où la maire socialiste sortante Anne Hidalgo a été réélue après avoir endossé elle-même un programme résolument écolo aux côtés de ses partenaires d’EELV.

Ailleurs, les Verts ont volé de succès en succès. A Lyon, ils ont même fait coup double: Bruno Bernard s’y est adjugé la métropole, siège du véritable pouvoir, et Grégory Doucet la ville, en battant Yann Cucherat, poulain du maire sortant Gérard Collomb. Les Verts ont également pu revendiquer la victoire à Strasbourg, avec Jeanne Barseghian, et à Bordeaux, avec Pierre Hurmic qui a devancé le maire LR sortant Nicolas Florian, soutenu par LREM. Un petit séisme après 73 ans d’élections de maires de droite sur les rives de la Garonne.

La situation est plus confuse à Marseille où la candidate écologiste Michèle Rubirola, à la tête d’une coalition de gauche, a revendiqué une « victoire relative » après 25 années de règne de la droite. Mais la candidate LR Martine Vassal a insisté qu’il n’y avait à ce stade « pas de majorité à Marseille », donnant rendez-vous à l’élection du maire par le conseil municipal vendredi prochain.

D’autres grandes villes – Grenoble, Besançon, Tours Poitiers, Annecy… – sont tombées dans l’escarcelle des Verts, qui ont longtemps servi de force d’appoint mais s’affirment comme les premiers à gauche avant les prochaines échéances électorales.

« C’est un jour historique pour l’écologie », s’est félicité le secrétaire national d’EELV Julien Bayou.

Cette déferlante devrait amener Emmanuel Macron à intervenir dès lundi matin en recevant à l’Elysée les membres de la Convention citoyenne sur le climat à qui il entend apporter des « réponses fortes » et « à la hauteur des enjeux et des attentes », fait savoir l’Elysée.

AFP