Les hommes de la police judiciaire de Metz sont remontés jusqu’à un réseau qui acheminait de la cocaïne par l’intermédiaire de mules guyanaises. Neuf personnes ont été interpellées. Cinq sont en détention.
Les réseaux tombent les uns après les autres. A Rennes, à Reims, à Troyes, des dealers qui avaient tissé des liens avec la Guyane pour acheminer de la cocaïne se sont fait interpeller ces derniers mois. Et maintenant, à Metz. La police judiciaire est passée, il y a quelques jours, à la vitesse supérieure dans une enquête lancée au début de l’année 2016. Un bon tuyau guide les spécialistes du groupe stups sur les traces d’individus basés dans le quartier de Borny.
Il est question de mules chargées de poudre blanche, d’arrivée à l’aéroport à Orly, de réception, de renvoi à l’expéditeur et d’écoulement de la matière première. C’est un travail compliqué qui débute alors, parce qu’il ne s’agit pas d’un trafic de rue. Mais d’un trafic communautaire pas simple à pénétrer. Les protagonistes se parlent dans leur dialecte. « Il a fallu faire le tri entre les discussions qui concernaient la vie courante et le trafic », indique le commissaire Franck Dannerolle.
Les choses s’éclairent peu à peu. Là-bas, en Guyane, ce sont des filières de la misère. Les recruteurs n’ont aucun mal à trouver des candidats au départ. La plupart viennent de Saint-Laurent-du-Maroni, ville posée à la frontière avec le Surinam. Pour quelques centaines d’euros, ils acceptent de transporter la drogue. Dans des bagages, dans leurs vêtements, parfois dans leur dreadlocks. Beaucoup espèrent qu’en ingérant des dizaines de boulettes, il sera plus facile de passer entre les mailles du filet tissé par les douaniers, présents en nombre au départ comme à l’arrivée.
Les « bouletteux », leur surnom, prennent tous les risques. Beaucoup sont arrêtés avant de livrer la marchandise. Mais beaucoup parviennent à franchir les barrières. Parfois, les choses tournent mal : en février, une femme de 32 ans est décédée lors d’un vol à destination d’Orly, à cause d’un ovule qui s’est ouvert dans son estomac.
Une sacrée culbute financière
Retour à Metz. La police met des visages sur les organisateurs. Le réseau se charge de récupérer les mules et de les acheminer dans un local. « Les quantités de cocaïne arrivées sur Metz ne sont pas négligeables, précise le patron de l’antenne de la PJ. C’est un trafic extrêmement rémunérateur. Là-bas, le kilo de cocaïne est acheté 4 000 €. En France, lorsqu’il est revendu en gros, il vaut 40 000 €. Au détail, les dealers peuvent espérer récupérer encore deux fois cette mise. »
Une opération d’envergure, coordonnée entre les forces de la police judiciaire, du groupe d’intervention régional, le Raid et la brigade de recherche et d’intervention, a abouti la semaine dernière à l’interpellation de neuf personnes. Six ont été mises en examen par un juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy. Cinq ont été écrouées.
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)