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CHR Metz-Thionville : «Il ne faut pas revivre un tsunami car les équipes sont épuisées»


La directrice du CHR Metz-Thionville, Marie-Odile Saillard, ici lors du transfert de patients vers l’Allemagne depuis l’aéroport de Luxembourg (Photo : DR).

La situation est beaucoup plus calme au Centre hospitalier de Metz-Thionville qui ne compte plus que 31 patients atteints par le Covid-19. Marie-Odile Saillard, la directrice générale, reste vigilante face à une éventuelle deuxième vague. Elle attend toujours des équipements adaptés et des finances qu’elle espère à la hauteur de l’investissement de son établissement et de ses équipes.

 Quelle est la situation aujourd’hui au CHR Metz-Thionville ?
Marie-Odile Saillard, directrice générale du CHR Metz-Thionville : « Nous comptons aujourd’hui 66 lits de réanimation dédiés au Covid-19, dont 31 occupés par des patients. Nous en avons mis seize en sommeil, il en reste 35 de libre. Quant au service de réanimation polyvalente, il dispose de 41 lits ouverts, dix sont encore libres. On est bien. »

Vous attendez une deuxième vague ?
« Je pense qu’on en aura une. Dans quelle proportion ? Si ce n’est pas un effet sinusoïde, on pourra gérer. Mais il ne faudrait pas revivre un tsunami comme à la mi-mars car les équipes sont épuisées. Quant au matériel, je n’ai pas une visibilité accrue. Sur l’ensemble du territoire mosellan, nous sommes prêts à réarmer. Des lits sont mis en sommeil, qui peuvent être réactivés en quelques heures. »

Des inquiétudes ?
« Si la crise redémarre, nous avons des inquiétudes pour les lits de cohorting (lits qui accueillent des patients Covid-19 qui nécessitent une hospitalisation), car actuellement nous avons une énorme pression sur les lits non Covid. Samedi, nous avons transformé un secteur entier pour accueillir des patients non Covid mais pour des pathologies graves. »

Quelles leçons tirez-vous de cette crise ?
« Si une deuxième vague revient, je sais plus encore maintenant que par le passé, qu’il faut compter sur nos forces internes. Je tire un vrai coup de chapeau à nos équipes. Au directoire et au président du conseil de surveillance. Dominique Gros a été sur tous les fronts. Il a joué un rôle déterminant dans les échanges avec l’ARS et le cabinet du ministre de la Santé. Toutefois, je tire un bilan très contrasté de cette crise. Aujourd’hui, je ne suis pas certaine que des leçons en aient été tirées. »

On ne s’en occupe pas à la juste mesure de la Moselle

D’où vient cette amertume ?
« À la place donnée au CHR et à la Moselle dans cette région Grand Est, qui est la partie la plus populeuse. On ne s’en occupe pas à la juste mesure de sa population. Depuis Paris, on a eu les yeux rivés sur l’Alsace et Nancy, mais la Moselle n’existe quasiment pas. Nous ne devrions plus être dans des problèmes de logistiques. Or, je garde une visibilité réduite sur les respirateurs pour faire face à une deuxième vague si elle arrive. Ce qui dénote une difficulté majeure d’approvisionnement. Même chose pour les molécules anesthésiques, nous sommes dans une logique de contingentement de l’État qui doit reposer sur des critères de nombre de patients en réa. Je suis très vigilante. Je serais désolée que d’autres logiques s’invitent à la table. »

Vous n’êtes donc pas très optimiste…
« Nous sommes dans un pays qui a du mal à apprendre de ses crises. Il prône l’équité mais revient vite à sa réalité mathématique ancienne qui n’est pas une réalité de terrain. »

Financièrement, cette crise présente-t-elle des pertes et des surcoûts ? Allez-vous être aidée par rapport à la charge que vous avez eue à supporter ?
« Cette crise a généré des surcoûts. Nous avons déprogrammé beaucoup d’actes, nous avons acheté, au pied levé du matériel supplémentaire, un nombre considérable de stocks de masques. Nous avons rémunéré les personnes appelées en renfort. il y a des effets délétères liés aux finances. Il y a des enveloppes destinées à ces surcoûts. La répartition des enveloppes pour couverture de charges exceptionnelles devrait être allouée au prorata des lits de Covid. Mais la répartition semble se faire par rapport à la puissance des structures hospitalières. »

Entretien avec Anne Rimlinger