Les cheminots français n’aiment guère circuler au Grand-Duché. Choqués par l’accident de mardi, ils ont exercé leur droit d’alerte.
À Thionville, chez les cheminots, l’ambiance est lourde et les cœurs sont sensibles après la grave collision ferroviaire survenue mardi à Dudelange.
« Cadres, cheminots, il y a dix ans, beaucoup ont déjà vécu ça. Qu’est-ce qu’on va faire? Mettre une stèle comme à Zoufftgen? À un kilomètre du lieu de l’accident survenu il y a dix ans?»
À Zoufftgen, le bilan fut de six morts et seize blessés, dont deux graves. Ce nouveau désastre, mardi, a provoqué le décès du conducteur du TER des CFL et blessé deux personnes. « Conducteurs, contrôleurs, beaucoup vont au Luxembourg avec la boule au ventre. Notre ressenti, c’est que le Grand-Duché n’a pas la même culture de sécurité que la France. »
Le poste d’aiguillage de Bettembourg cristallise toutes les crispations. « On sait qu’il y a toujours des problèmes, mais on nous impose d’y aller. »
Les cheminots en parlent souvent entre eux et, depuis mardi, les CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ont posé un droit d’alerte qui autorise les cheminots à faire valoir leur droit de retrait. « C’est pas pour embêter, c’est de notre sécurité dont il est question. »
De fait, même à la reprise du trafic, il se peut que les TER ne soient pas au rendez-vous. « À moins que l’on s’arrête à la frontière et qu’un conducteur luxembourgeois prenne le relais. »
L. S. (Le Républicain lorrain)