Chaque année, la fraude coûte plus de 300 M€ à la SNCF qui a décidé d’intensifier sa chasse aux contrevenants. Hier après-midi, une trentaine d’agents et de policiers ont contrôlé la totalité des arrivées en gare de Thionville.
La semaine dernière, jeudi et vendredi matin, la SNCF avait déjà procédé à des premiers contrôles en gare de Thionville. Il s’agissait de vérifier, à leur montée dans le train, si les voyageurs disposaient bien d’un titre de transport valable. Une opération préventive qui permettait encore aux contrevenants de faire marche arrière vers les guichets pour se racheter une conduite… « accompagnée ». Mais hier, après-midi, la prévention a laissé place à la répression.
Cette fois, c’est à leur arrivée en gare que les voyageurs étaient contrôlés. TOUS les voyageurs. Et pas moyen d’espérer échapper au dispositif : une trentaine de personnes, contrôleurs de la SNCF, agents de la police ferroviaire et de la police nationale, est déployée, bloquant les issues du hall et des accès aux parkings nord et sud.
Quand le Métrolor Luxembourg-Metz de 17 h 03 ouvre ses portes, les mines sont plutôt déconcertées. Un tel déploiement de force a en effet de quoi surprendre, surtout que la tentative d’attentat du Thalys est encore dans toutes les mémoires. Brigitte, de Thionville, ne mâche pas ses mots. « On nous prend pour des gangsters », peste-t-elle. « Honnêtement, venir aussi nombreux, c’est vraiment justifié ? », interroge la jeune femme. Véronique, de Yutz, est plus modérée. « J’ai mon billet en règle, je n’ai rien à me reprocher aussi ça ne me dérange pas plus que ça. Mais c’est vrai que c’est impressionnant. »
La direction de la SNCF sait pertinemment que ce genre d’opération coup de poing ne va pas améliorer sa cote de popularité. Ce n’est pas non plus son objectif. Chaque année, la fraude coûterait plus de 300 millions à la société nationale du chemin de fer. Il est plus que temps d’agir. Ce manque à gagner permettrait notamment de contribuer à la modernisation du transport et au développement de nouveaux services pour les clients. « En Lorraine, la fraude est de 3 % sur l’ensemble des voyageurs et son préjudice sur le TER est estimé à 1 million d’euros par an. Pour schématiser, sur 7 000 personnes qui vont travailler en train au Luxembourg chaque jour, 210 n’ont pas payé leur billet », affirme Noël Lescasse, directeur de production du TER Lorraine.
Pour atteindre l’objectif, qui est dans un premier temps de diminuer d’un tiers cette fraude, ce genre de contrôle est donc appelé à se banaliser. Les tarifs des PV ont également été revus à la hausse, passant de 35 € à 50 € en plus prix du billet. Une mésaventure qui est arrivée hier à cette jeune fille de 17 ans, verbalisée 50 €, alors qu’elle dispose d’un abonnement mais qu’elle l’a « juste oublié ». Le ton monte et le papa, venu la chercher, grimpe vite dans les tours. Mais il finit par s’acquitter de l’amende « Je lui ai fait un billet forfaitaire personnalisé. En présentant sa carte d’abonnement demain au guichet, elle sera remboursée intégralement », assure un contrôleur. Humain et juste.
Ce manque à gagner permettrait de contribuer au développement de nouveaux services pour les clients
O.M. (Républicain Lorrain)