Tirs croisés sur les centrales de Cattenom, Fessenheim et Bugey. Allemagne, Luxembourg, Suisse réclament chacun la fermeture des centrales construites aux portes de leur pays. Une action concertée ?
Mercredi, le canton de Genève a déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui et pollution des eaux. La centrale de Bugey, dans l’Ain, est pointée du doigt, et Corinne Lepage est aux manettes pour défendre les intérêts suisses.
La semaine dernière, un rapport commandité par les Verts de Rhénanie-Palatinat visait Cattenom. Conclusion sans appel de l’expert Manfred Mertins : Cattenom n’est pas aux normes européennes de l’après-Fukushima. Le Luxembourg et le land de Rhénanie-Palatinat ont aussitôt exigé sa fermeture.
Hier, le Suddeutsche Zeitung , quotidien bavarois, revenait sur un incident survenu le 9 avril 2014 à Fessenheim. Incident ou plutôt accident ? Le journal s’interroge. L’Allemagne, pour une énième fois, appelle à la fermeture des réacteurs haut-rhinois. Trois charges successives qui n’ont peut-être rien de concerté mais tombent à point nommé. Dimanche, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, annonçait la prolongation de la vie des centrales nucléaires françaises. « Ce gouvernement aurait besoin, de temps en temps, de respecter les lois qu’il fait voter, peste Guy Harau, député européen EELV. Royal ne montre pas la volonté de faire vivre la loi de transition énergétique ! »
Parallèlement, dans Libération daté d’hier, Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ose des mots rarement entendus. « Le contexte en matière de sûreté nucléaire est particulièrement préoccupant. » Il s’étonne aussi « du manque de prise de conscience des risques ». Et rappelle qu’en France, c’est encore l’ASN qui décide, après tests, de la prolongation, ou pas, des réacteurs. La loi de transition énergétique le stipule très clairement.
Laurence Schmitt (Républicain Lorrain)