Peut-on espérer vivre de YouTube ? Manifestement oui, si l’on se réfère au collectif Mamytwink et ses deux millions d’abonnés.
Aujourd’hui, n’importe qui peut créer une chaîne YouTube, de la géopolitique à la pêche en passant par les dominos, mais de là à en vivre… C’est un peu comme le foot : il suffit d’un ballon et d’un terrain pour y jouer. Devenir pro est une autre paire de manches.»
La comparaison est signée Julien Aubrée, du collectif messin Mamytwink, la chaîne créée en 2010 par Florian Henn, François Calvier et lui-même. «À la base, ce média nous servait à commenter nos parties de jeux vidéo comme World of Warcraft», raconte-t-il. Au fur et à mesure, la chaîne s’est mise à évoluer avec leurs passions : l’histoire et l’audiovisuel. «On faisait ça en parallèle de nos études. Comme ici, à Metz, on a la chance de disposer d’un riche patrimoine historique, on a commencé par filmer les principaux vestiges.»
En trois ans, leur chaîne réunit déjà 30 000 abonnés. Leur émission, Les Explorations nocturnes, séduit. Ils partent filmer un phare de la pointe du Raz, un fort de Londres de la Seconde Guerre mondiale posé en plein milieu de la Tamise, ou encore pénètrent dans les parties inconnues du château de Versailles.
Le programme connaît un pic culminant avec leur reportage sur les parties encore radioactives de Tchernobyl. «Nous sommes partis une semaine sur place. Bien évidemment, on était bien équipés», rassure Julien. Les trois amis décident donc de créer leur société, en 2016.
La petite histoire dans la grande
Aujourd’hui installée dans de confortables bureaux tout équipés, avenue de Blida, l’entreprise Mamytwink – marque issue d’un pseudo pris par Florian sur un jeu vidéo – compte désormais cinq salariés à temps plein. Mais surtout deux millions d’abonnés depuis deux semaines.
Ce n’est pas encore le score de Squeezie et ses seize millions d’abonnés, ce qui en fait le youtubeur français le plus suivi, mais le contenu n’a rien à voir. Ici, pas de place pour l’esprit potache. C’est du sérieux. «Au contraire des autres youtubeurs, on ne se met pas en avant. On met l’accent sur l’histoire et le récit.» Leur contenu principal, désormais, s’appelle Histoires de guerre, des documentaires historiques illustrés d’images d’archives.
«Nous travaillons de concert avec un historien qui vérifie la véracité des propos. Et si on n’est pas sûrs, on s’abstient», peut s’enorgueillir Julien. «On met la petite histoire dans la grande, avec des focus insolites sur des événements ou des personnes.» Leur vidéo sur Klaus Barbie et comment il a été arrêté a attiré huit millions de spectateurs !
«Comme tous les métiers passion, le nôtre demande beaucoup d’investissement et de temps, mais on a la chance de pouvoir en vivre.» Leurs recettes viennent des pubs placées par YouTube et le nombre de leurs visionnages. «On fait aussi des partenariats avec des marques telles que Decathlon ou Warner. Mais on ne s’est jamais dit qu’en lançant notre chaîne, c’était pour nous enrichir, mais bien pour partager nos passions sur internet.»
Une des raisons sans doute pour laquelle la chaîne existe encore. Avec sa capacité à se renouveler et à toucher des nouveaux publics.
Je vais avoir besoin de vous.