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Centrale de Cattenom : tout va (presque) bien


Vingt-deux inspections ont été menées en 2015 à Cattenom. (photo archives LQ)

L’autorité indépendante de contrôle des centrales nucléaires françaises délivre plutôt de bonnes notes aux centrales de Cattenom et Fessenheim.

Loin du débat politique sur le nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a livré, mercredi, son rapport technique 2015 sur les résultats des centrales nucléaires de Cattenom et Fessenheim. Une appréciation globalement satisfaisante.

L’Autorité de sûreté nucléaire, l’ASN, c’est ce qu’on appelle communément le gendarme du nucléaire. Une autorité indépendante qui réglemente, autorise toute exploitation d’installation nucléaire, les contrôle et informe sur leur état de marche.

Centrale de Cattenom

Vingt-deux inspections ont été menées en 2015 à Cattenom. Il en ressort une appréciation plutôt satisfaisante au niveau de l’exploitation de l’installation et de la protection de l’environnement. « Cattenom est dans la moyenne du parc nucléaire français », a jugé Pierre Bois, chef de la division de Strasbourg, qui remplace depuis un mois environ Florien Kraft, désormais en poste à l’ambassade de France en Russie. Pour autant, le nombre d’événements significatifs, 32 de niveau 0 et 5 de niveau 1 dont un qui a nécessité le déclenchement d’un Plan d’urgence interne, est en augmentation par rapport à l’an passé. L’ASN a observé des écarts dans l’application de règles de conduite ou de réalisation des essais sur des matériels. Toutefois, dès la constatation de ces écarts, les mesures adaptées ont été rapidement mises en œuvre, même si l’ASN rappelle que «plusieurs événements dénotent toujours un manque de rigueur dans la formalisation, l’analyse et le traitement des écarts».

Le point le plus litigieux demeure la radioprotection, même si l’ASN note les efforts de l’exploitant. « Notamment pour la mise à disposition de matériel de mesure , a expliqué Vincent Blanchard, chef du pôle installation nucléaire. L’attention doit se porter sur le comportement des agents de terrain, la propreté radiologique et le confinement des matières radioactives. » Les écarts concernent essentiellement des détections de poussières sur les vêtements de travail. Très peu d’ingestions ont été constatées, sans que des chiffres précis aient été donnés.

Centrale de Fessenheim

« Une bonne année 2015, un site performant dans l’ensemble », n’a pas craint de résumer Pierre Bois, loin de la polémique politique qui s’est emparée du site. « Des efforts ont été faits, les recommandations de l’ASN ont été suivies et les investissements réalisés ont été productifs. »

Dix-sept inspections ont été réalisées dans le courant de l’année dernière, tandis que 22 événements significatifs ont été déclarés (un seul de niveau 1).

L’affaire Creusot Forge Areva

Depuis la détection d’anomalies sur la cuve EPR de Flamanville, l’ASN a demandé à Areva de conduire une revue de qualité complète des pièces produites à Creusot Forge. Il en ressort que depuis 1965, quelque 400 pièces ont fait l’objet d’incohérences, modifications ou omissions, par rapport aux commandes initiales. Parmi ces 400 pièces, 80 sont toujours en service sur le parc nucléaire français. EDF en a analysé 79. La 80 e n’est autre que la cuve du réacteur 2 de Fessenheim. Le réacteur a été mis à l’arrêt pour conduire les vérifications de conformité. Huit autres irrégularités ont été décelées sur le réacteur 1. Cattenom est également concerné avec une pièce sur la cuve du réacteur 1. Pour EDF, ces irrégularités ne conduiraient pas à des problèmes de sûreté. De son côté, l’ASN instruit ces vérifications et « donnera son avis sur les suites à donner », a précisé Pierre Bois.

Rapport Mertins

Un rapport des Verts du Bundestag allemand avait sévèrement épinglé Cattenom, la qualifiant de «dangereu se». L’ASN a analysé ce rapport sans parvenir aux mêmes conclusions. « Nos homologues allemands, représentants du ministère de l’Environnement, n’ont pas validé ce rapport et donc décidé de ne pas le faire suivre de façon officielle à la France », a précisé Pierre Bois.

Laurence Schmitt (Le Républicain lorrain)