Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pointe du doigt des points à améliorer à la centrale nucléaire lorraine.
Au total, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a effectué 166 inspections dans le Grand Est en 2016. Centrales nucléaires, déchets radioactifs, installations médicales et industrielles : le bilan 2016 est globalement satisfaisant même si des faiblesses sont pointées.
À la suite des 166 inspections, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estime que l’année 2016 a été globalement satisfaisante en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection», a déclaré, mercredi, Pierre Bois, chef de la division de Strasbourg de l’ASN. Ce qui n’exclut pas quelques notifications précises.
Pour Cattenom notamment, qui a vécu une année 2016 dense en travaux. Comme la visite décennale de la Tranche 1, qui fêtait ses 30 ans. Des contrôles classiques mais drastiques, dont dépend le renouvellement de son autorisation d’exploiter. Mais aussi le remplacement des tubes du condenseur et de 4 000 circuits électriques ou la modernisation de la salle de commandes.
Fuites et pertes ponctuelles
Quarante-trois événements significatifs pour la sûreté (ESS) ont été enregistrés en 2016, contre 37 en 2015. Sept ont été classés de niveau 1, sur une échelle de 0 à 7. Les 36 autres sont de niveau 0. L’ASN relativise ce niveau élevé d’ESS «compte tenu du niveau important de travaux», mais entend «s’assurer que Cattenom a bien intégré les leçons de chaque événement», aussi minime soit-il.
«La faiblesse», selon le terme même de l’ASN, de contrôle EDF lors de travaux réalisés par des prestataires extérieurs a été constatée lors de plusieurs événements. «C’est à l’exploitant d’organiser et de garantir ces contrôles», explique Pierre Bois.
«Faiblesse» encore dans la gestion et le confinement de produits chimiques. Fuites et pertes ponctuelles ont été constatées. Pas forcément importantes, mais suffisamment significatives pour que l’exploitant se penche sérieusement sur la question. L’illustration même des propos de Pierre Bois : «C’est en travaillant sur les petits événements qu’on améliore le niveau de sûreté global.»
Ainsi en va-t-il de la radioprotection, régulièrement montrée du doigt ces dernières années. «Une organisation ferme a porté des résultats visibles lors de la visite décennale. Mais en fin d’année, on a constaté un relâchement. D’où la nécessité d’un effort continu, d’autant plus que le prestataire a été changé.»
L’ASN a constaté des progrès continus sur la gestion des déchets, notamment les rejets de cuivre «essentiellement réduits grâce au remplacement des tubes en laiton des condenseurs par du titane». Revers de la médaille, le titane favorise légionelles et amibes. «Il faudra trouver un équilibre entre le traitement chimique et les risques de prolifération. Cattenom a un an pour mettre au point les bons dosages.»
Laurence Schmitt
(Le Républicain lorrain)
L’ASN considère que la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) se distingue positivement par rapport à la moyenne des centrales exploitées par EDF. En comparaison, Cattenom «rejoint globalement l’appréciation générale portée sur EDF». Pourtant, la centrale n’a pas beaucoup fonctionné en 2016.
Elle a même connu une hausse de ses déclarations d’événements significatifs et quelques faiblesses dans son système de radioprotection, notamment lors de l’arrêt du réacteur 2. C’est l’ASN qui a mis à l’arrêt ce réacteur mi-2016, à la suite d’une non-conformité dans la fabrication de son générateur vapeur. EDF n’a toujours pas justifié la conformité du générateur en question et le réacteur demeure à l’arrêt. Fin 2016, le réacteur 1 était à son tour mis à l’arrêt pour des contrôles supplémentaires sur son générateur vapeur forgé au Japon.
Dans ce contexte d’arrêt prolongé du réacteur 2 et, surtout, de perspective de fermeture, l’ASN n’a constaté aucune démobilisation des équipes. Elle appelle néanmoins EDF à demeurer vigilante sur cette dimension humaine. L’ASN l’assure, son niveau d’exigence sûreté demeure identique à ce qu’il a toujours été. «Exploitant et gouvernement se sont accordés sur la fermeture de Fessenheim, explique Pierre Bois lorsqu’on l’interroge sur un calendrier précis. Pour l’instant, EDF ne nous a pas encore adressé le dossier administratif de demande de fermeture. À sa réception, nous aurons deux ans pour l’instruire, définir la date de fin d’exploitation et ses modalités et engager le projet de démantèlement. Aucun calendrier ne peut donc être défini à cette heure.»