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Cattenom : des contraintes de plus en plus lourdes à cause de la centrale


Au nom du principe de précaution, l’urbanisme est très réglementé autour de la centrale nucléaire de Cattenom. (Photo : RL)

Depuis 2009, le développement urbain de la ville de Cattenom est contraint par des règles drastiques liées à la proximité de la centrale nucléaire. Depuis Fukushima, l’autorité de sûreté nucléaire veille à l’application de ces règles avec encore plus de rigueur.

Les règles

À Cattenom, la centrale nucléaire rapporte beaucoup d’argent à la commune. « Le problème, c’est qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut avec ces recettes », soupire Michel Schibi, le maire de Cattenom. Jusqu’en 2009, la commune disposait d’une certaine liberté dans son aménagement. Elle a pu construire de très nombreux équipements : une maison de retraite, une crèche, un périscolaire… Mais à la fin des années 2000, les autorités ont décidé de limiter au maximum l’urbanisation autour des centrales nucléaires françaises, au nom du principe de précaution.

En 2009, l’État a donc établi des règles très contraignantes, en particulier dans un périmètre de 2 kilomètres autour de la centrale. Dans cette zone, il est théoriquement impossible de construire un établissement de soins, une salle des fêtes, un hôtel, une crèche, un gymnase ou même une gare. « La seule chose qu’on nous autorise, c’est la reconstruction des équipements qui existaient déjà, à condition de ne pas augmenter leur capacité », détaille le maire.

Au départ, l’application de cette réglementation pouvait faire l’objet d’une certaine souplesse, ou plutôt d’une forme de compréhension de la part de l’Autorité de sûreté nucléaire. « Mais depuis Fukushima, comme on peut le comprendre, ils sont nettement plus stricts… », explique Michel Schibi. Résultat ? À Cattenom, certains projets sont beaucoup plus difficiles à concrétiser qu’ailleurs…

Le plan local d’urbanisme

« Ça fait huit ans que l’on travaille sur le plan local d’urbanisme, révèle Michel Schibi. Entre le périmètre des deux kilomètres et le problème de l’évacuation, c’est un vrai casse-tête. Chaque proposition doit être validée à tous les étages. » Au cœur de ce PLU, il y a notamment la future Zac des Danubiens. Au moment d’imposer les contraintes urbanistiques, l’État a tout de même autorisé la commune à aménager cette parcelle, à condition qu’elle n’accueille pas plus de 300 habitants. « Cattenom compte aujourd’hui environ 2 700 habitants. Tant que la centrale fonctionnera, nous ne pourrons jamais dépasser les 3 000 habitants », indique le maire.

L’unité Alzheimer

Après une longue bataille politique, menée notamment par Patrick Weiten, l’Agence régionale de santé a autorisé la création de 12 lits d’unité Alzheimer sur le territoire de la Communauté de communes de Cattenom et environs. L’intercommunalité a logiquement envisagé d’accoler cette unité à la maison de retraite dont elle est déjà propriétaire. Mais celle-ci se situe à l’intérieur du fameux périmètre de deux kilomètres. L’Autorité de sûreté nucléaire a donc refusé cette construction. « Avec Patrick Weiten, nous avons participé à une réunion à Paris pour tenter de faire bouger les lignes, révèle Michel Schibi. Nous leur avons par exemple démontré que l’évacuation d’urgence des malades d’Alzheimer ne posait pas de difficulté particulière. » L’ASN a finalement accepté un compromis : cette unité Alzheimer pourra se faire à condition de ne pas augmenter la capacité de la maison de retraite. Il faudrait donc transformer douze lits classiques en lits Alzheimer. La communauté de communes est en train d’étudier les différentes options.

Le collège

Autre dossier rendu complexe par cette réglementation : le collège de Cattenom. Le Département envisage la reconstruction de ce bâtiment en structure métallique qui accueille plus de 300 élèves. Reste à savoir où. « Le collège est situé dans le périmètre des 2 kilomètres. Donc l’ASN a émis un avis défavorable. On ne pourrait le faire qu’en construisant un collège de taille strictement identique », résume le maire. Pour pouvoir construire un collège un peu plus grand, ce qui était initialement programmé, il faudrait donc déplacer le projet en dehors de la zone des 2 kilomètres. « Et nous ne pourrions rien construire à la place de l’ancien collège », anticipe déjà le maire. Le Département n’a pas encore rendu son arbitrage.

Anthony Villeneuve (Républicain Lorrain)