L’annonce, dimanche, de l’inscription de la « Ville nouvelle » de Strasbourg au Patrimoine mondial de l’Unesco n’a suscité aucune inquiétude à Metz. Son adjoint à la culture rappelle que les deux candidatures sont très différentes.
A première vue, le délai a de quoi surprendre et rendre Metz jalouse. Un an après en avoir fait la demande – c’était en mai 2016 – Strasbourg a obtenu, dimanche, le classement à l’Unesco de son quartier impérial allemand. Une analyse plus poussée révèle cependant que la capitale alsacienne avait, elle, déjà la partie médiévale au centre-ville, classée au patrimoine Unesco depuis 1988. « Faire une extension ou une inscription ne requiert ni les mêmes exigences ni le même timing. Quand une Ville a démontré qu’elle était exemplaire, comme c’est le cas à Strasbourg, c’est beaucoup plus rapide quand elle fait une proposition intéressante », affirme Hacène Lekadir, l’adjoint à la culture de Metz qui rappelle que « toutes les autres candidatures françaises mettent entre six et dix ans pour obtenir le label Unesco ».
Deux styles, deux pouvoirs
Certes, mais en obtenant le classement de sa Neustadt , Strasbourg ralentit-elle ou rend-elle caduque la candidature de Metz qui a, elle aussi, inclus son quartier impérial dans sa candidature ? « Nos demandes sont différentes. Strasbourg met en avant la réconciliation franco-allemande et la qualité architecturale de cet ensemble. Or, nous n’avons pas demandé d’inscrire le quartier impérial de Metz. Nous avons demandé d’inscrire le quartier ancien, royal, qui date de Louis XV et le quartier nouveau, impérial de Guillaume II, autour de l’idée de confrontation entre deux styles architecturaux, deux pouvoirs », insiste l’élu, qui reconnaît que le dossier Messin est « exigeant, complexe et conceptuel ». « Amiens et Reims ont chacune leur cathédrale classée au patrimoine mondial de l’Unesco tout simplement parce que leur argumentaire est différent. »
Quelque chose d’unique
Contrairement à 2016, où Metz avait beaucoup communiqué sur sa candidature auprès du grand public – 14 488 signatures recueillies sur jesoutiensmetz.fr et plus de 2 millions de vues pour sa vidéo – la Ville s’est montrée très silencieuse depuis le début de l’année 2017. « Nous sommes entrés dans une phase plus scientifique. L’équipe du service patrimoine de la ville travaille actuellement avec le cabinet spécialisé parisien Grahal qui a accompagné Le Havre et Nîmes dans leur classement afin de rédiger des analyses comparatives. Il faut montrer que Metz a quelque chose d’unique, comparée à une vingtaine de villes dans le Monde, en Afrique, en Asie », explique l’élu à la culture qui se dit « optimiste ».
Inscrite sur la liste indicative française du Patrimoine mondial depuis 2014, Metz espère repartir pour une phase d’audition avant la fin de l’année au ministère de la Culture avec l’espoir bien réel d’être choisie par la France à l’Unesco. Si tel était le cas, il lui faudrait attendre en moyenne dix-huit mois. De quoi espérer décrocher le Graal en 2020.
Gaël Calvez (Le Républicain Lorrain)