Les antinucléaires, opposés au centre de stockage de déchets nucléaires, se sont retrouvés, dimanche, dans la Meuse.
Plus d’un millier de citoyens, associatifs et politiques, dont Denis Baupin, le vice-président EELV de l’Assemblée nationale, ont formé une chaîne humaine, dimanche, autour de la «poubelle nucléaire de Bure» dans la Meuse.
Dans une ambiance de kermesse alternative, plus d’un millier d’antinucléaires de toute la France (Alsace, Montpellier, Angers) et d’Allemagne ont convergé, dimanche, aux abords du site de l’Andra en milieu d’après-midi pour former une longue chaîne humaine autour de la «poubelle radioactive de Bure».
Partis sur les chemins dans le cadre de randonnées organisées par cinq associations (Eodra, Cedra 52, Burestop, les Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château et Bure Zone Libre), les militants ont sillonné champs, forêts et chemins, qui surplombent le laboratoire de stockage souterrain. Celui-ci devrait contenir à terme 100 000 m³ de déchets nucléaires actifs, d’où l’intitulé du jour, «100 000 pas à Bure».
Rencontrés dans le village, dont le panneau d’entrée est constellé de stickers radioactifs noir et jaune, Françoise et son mari Pierre, agriculteurs retraités assis sous un parasol, observent l’animation du jour : «Je ne suis ni pour ni contre Cigéo. On a choisi le nucléaire, faut bien des poubelles. En espérant que ça ne gâtera pas nos champs. Et puis, ça maintient de l’activité dans des villages qui meurent», souffle Pierre. Dans la campagne, on croise des militants allemands antiCattenom un peu paumés qui cherchent le laboratoire.
«Un grand trou? Une riche idée!»
Deux jeunes Nancéiens écolos, qui grimpent la colline de l’Andra, sont venus «se faire un avis». Face au centre de stockage, un petit village post-baba-cool a pris ses quartiers. Avec stands, brochures et discours radicaux sur une scène improvisée. Malgré la volonté des organisateurs de ne pas politiser la journée, la guest-star Denis Baupin, vice-président EELV de l’Assemblée nationale, attire micros, photos et caméras.
Chapeau sur la tête, il est venu prendre date à la veille du retour de la loi Macron devant les députés, hier, alors que le Meusien Gérard Longuet (Les Républicains) vient de réintroduire dans la loi, grâce à un amendement au Sénat, la question de la réversibilité du stockage. «On le fera retirer, cet amendement! C’est trop important pour qu’il n’y ait pas de débat. La réversibilité est un acquis et nous refuserons qu’elle soit amoindrie comme le veulent certains», tranche le parlementaire EELV. Il reste, par principe, opposé à l’enfouissement.
«Quarante ans après le lancement de la filière nucléaire en France, on n’a pas de solution pour les déchets. Comme si on avait construit un appartement sans toilettes. Un grand trou? Une riche idée», ironise-t-il. À ses côtés, Julien Vicq et Marianne Isler (EELV) tentent de faire oublier à six mois des régionales que c’est bien une ministre verte – Dominique Voynet – qui a signé le décret autorisant Bure. «Le combat n’est pas perdu pour les antinucléaires. On n’informe pas suffisamment les gens sur les conséquences et les vrais coûts du nucléaire. Les nucléocrates français résistent mais la tendance au reflux antinucléaire post-Fukushima est mondiale», scandent les deux élus lorrains.
Alain Morvan (Le Républicain lorrain)