L’armée dans la province va bénéficier d’investissements, a confirmé le commandant militaire, le colonel Verbeeren.
Colonel Marc Veerbeeren, vous êtes le commandant militaire de la province de Luxembourg, le contexte international crée-t-il de l’émoi chez vos hommes ?
Clairement ! Les militaires sont attentifs au contexte géopolitique ; pas seulement l’Ukraine, mais aussi le conflit israélo-palestinien, la position des USA à l’OTAN, cette instabilité… Pendant 35 ans, j’ai toujours connu une politique de désengagement du politique pour la Défense. En 86, on était 100 000 hommes. On n’est plus que 25 000. Subitement, il y a un intérêt pour la chose militaire. Pour nous, c’est une bonne chose, mais cela fait un peu peur. On a l’impression qu’il y a des attentes qu’on ne pourra pas rencontrer en un ou deux ans. L’âme de l’outil a été cassée.Une deuxième brigade à Marche ?
Le contexte pourrait-il avoir des impacts positifs en Luxembourg ?
Dans la province, il va y avoir beaucoup de projets qui vont la valoriser. D’abord cette création d’une deuxième brigade: Marche va reprendre sa splendeur de l’époque. C’est dans les plans, mais ce n’est pas encore décidé politiquement. On va avoir aussi à Arlon, au quartier Bastin, l’installation d’un bataillon belgo-luxembourgeois de troupes de reconnaissance. 500 personnes en plus. On va énormément investir dans ce quartier. On va construire des bâtiments: des bureaux, des logements, des installations logistiques. L’école d’infanterie va recevoir fin de l’année les nouveaux véhicules de combats «Griffon». Le quartier va prendre une plus-value terrible. Comme on travaillera avec les Luxembourgeois, on va devoir tenir nos engagements.
La province de Luxembourg, c’est un peu la «chouchoute» de la Défense ?
La province de Luxembourg, c’est le terrain où tout le monde veut aller. Elle offre des espaces qu’on ne trouve plus ailleurs de par sa faible densité. C’est la plus grande des provinces, avec 15% du territoire, mais avec le moins d’habitants, 290 000. Même les Néerlandais demandent à venir ici. J’ai dû refuser une venue en juillet. On a fait dernièrement un exercice avec les Français et les Luxembourgeois. En Belgique, on n’a que quatre terrains militaires: Bourg-Léopold, Elsenborn et les deux autres sont en Luxembourg: Marche et Lagland. Lagland, c’est 50 000 personnes par an.Le site offre du combat urbain, des exercices d’explosifs, de la tactique. Un terrain formidable. Dans le contexte actuel, on est en train de pousser les unités à s’entraîner au maximum.
On se bouge un peu plus à l’armée avec ce contexte ?
Il est clair que le contexte nous incite à mettre le turbo.
Et quid de Jéhonville et sa piste ?
Bertrix, ce n’est pas un secret, c’est le dépôt stratégique de la Défense. On va énormément investir dans le stockage des munitions. On va gonfler nos réserves. Avec ce que l’on a, on ne sait pas tenir longtemps pour un conflit à haute intensité. Dans les milliards investis, il y aura une part des munitions et Bertrix va prendre de la valeur. Jéhonville, est relié par le train et les airs, ce qui permet d’extraire ou d’approvisionner en munitions. »On essaye d’éveiller les vocations militaires »
On va avoir aussi à Arlon, l’installation d’un bataillon belgo-luxembourgeois
2 800 soldats dans la Province
En province de Luxembourg, il y a environ 2 800 militaires et cela sur trois sites: à Marche-en-Famenne avec une demi-brigade dont le bataillon des Chasseurs Ardennais, le Premier et Troisième lanciers… Soit plus 2 100 personnes. Il y a Bertrix avec le dépôt stratégique de munitions et enfin le Quartier Bastin à Stockem avec l’école d’infanterie avec environ 500 militaires. À noter que des militaires de Marche-en-Famenne sont en Roumanie pour des appuis logistiques pour un bataillon de Spa.