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Béatrice Berlaimont : sa mère se confie, un an après


"De l'extérieur, je semble mener une vie comme tout le monde, mais il manque toujours ma Béatrice. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à elle". (Photo L'Avenir)

Un an après le meurtre de Béatrice Berlaimont près d’Arlon, sa mère, Isabelle Hustin, témoigne.

Il y a un an, le 21 novembre 2014, Béatrice disparaissait sur le chemin de l’école. Un an, c’est comme si c’était hier. Comment continuer à vivre sans votre enfant, un an après ?

Isabelle Hustin : Je suis toujours bouleversée. Béatrice me manque au quotidien. Rien n’est plus comme avant. De l’extérieur, je semble mener une vie comme tout le monde, mais il manque toujours ma Béatrice. Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à elle.

Comment était votre fille avant sa disparition ? Quels étaient ses grands traits de caractère ?

C’était une adolescente réservée, mais très mature et responsable pour son âge. Je l’appelais « ma grande ». Béatrice aimait beaucoup parler avec les adultes, avec les professeurs. Mais elle avait plusieurs copines de son âge aussi. Elle n’était pas sur Facebook, mais communiquait sur Twitter. Elle aimait faire la cuisine, préparait très bien les cookies…

Quels étaient ses loisirs favoris ?

La musique surtout ! Elle apprenait le solfège et le trombone à l’Académie de musique d’Arlon. Elle jouait aussi avec moi et Klaus (NDLR : le beau-père) dans l’harmonie des sapeurs-pompiers d’Athus. D’ailleurs, on s’est rappelé il y a quelques jours que sa dernière prestation en public il y a un an, c’était lors de la fête de Sainte-Cécile, la patronne des musiciens, avec l’harmonie d’Athus (NDLR : la maman est très émue en évoquant ce souvenir avec sa fille). Béatrice aimait aussi des musiques actuelles. Elle m’avait accompagnée pour assister au concert de Zazie à l’Olympia.

Il y a un an, quand elle n’est jamais arrivée à l’athénée d’Arlon, vous avez été très vite inquiets ?

Au début, j’ai pensé qu’elle avait pu se réfugier chez une copine, puis il a semblé évident que c’était une disparition inquiétante.

Il y a eu un grand élan de solidarité de la part des citoyens pour aider la police et l’armée à retrouver votre fille. Puis son corps a été découvert. Quels contacts avez-vous eu de la part de la police et la justice ?

Depuis un an, il y a eu beaucoup de respect et d’humanité de la part des enquêteurs, des assistantes sociales d’aide aux victimes, mais aussi du juge Langlois et de la procureur du roi Mme Devaux. Ils ont fait preuve de beaucoup d’empathie.

Cette enquête vous a satisfaits ?

Oui, nous avons toujours pu parler aux magistrats, les interroger. Avec notre avocate Anne-Catherine Mignon, nous avons pu obtenir des réponses dans les limites de ce qui nous était autorisé.

Dans un an, pour la fin 2016, le procès de Jérémy Pierson pourrait déjà avoir lieu si la procédure suit son cours actuel. Un tel procès d’assises, vous l’appréhendez ?

Je pense que le jugement sera juste. Mais au fond de mon cœur, je voudrais que celui qui a tué ma fille ne puisse jamais sortir de prison. Le voir en face de nous, à quelques mètres, sera une véritable épreuve pour nous.

Vous avez continué à recevoir d’autres marques de soutien ?

Oui, nos voisins, nos amis se sont montrés solidaires avec nous, tout en restant discrets. Sans être invasifs. Nous avons apprécié.

Il y a un an, lors de la disparition puis de la découverte du corps, tous les médias se sont emparés de l’affaire. Cela a dû être une autre épreuve très difficile pour vous ?

On a préféré à l’époque ne faire aucune déclaration dans les médias. La priorité allait à l’enquête. Quelques journalistes, cependant, se sont montrés insistants. Ce qui a été pénible à vivre aussi, ce sont les pseudo-scoops dans la presse. Souvent, ces révélations n’étaient pas justes.

Depuis ce drame, comment est votre regard sur la vie ? Vous avez reporté beaucoup de votre affection sur Cécile, 13 ans, qui avait deux ans de moins que sa grande sœur ?

Béatrice manque terriblement à sa petite sœur. Ce qui a changé ? C’est que l’on accompagne toujours Cécile à l’école. Cécile est étonnante. Elle a une profonde peine d’avoir perdu Béatrice, mais a des ressources incroyables.

Et dans votre milieu de travail ? Vous avez réussi à retrouver le rythme professionnel ?

Cela a été difficile de reprendre mon travail. Je suis passée à mi-temps. J’ai une médication et un suivi psychologique pour m’aider.

Béatrice avait des rêves d’ado ? Elle vous avait dit ce qu’elle aimerait faire comme activité plus tard ?

Elle avait participé au tournage d’un court-métrage de Maxime Denuc à Malmédy. Elle y avait joué du trombone. Pour cela, elle avait été sélectionnée lors d’un casting à Bruxelles. Béatrice rêvait de travailler plus tard dans l’audiovisuel.

Dominique Zachary (L’Avenir)

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