Le Statec propose différents indicateurs de la balance des paiements 2019 du Luxembourg avec ses états voisins, ce mardi. Certains concernent des balances d’argent public, globalement très favorables au Luxembourg, comme la balance des cotisations sociales. D’autres indicateurs relèvent de la sphère privée, comme les salaires perçus par les frontaliers, et ne sont donc pas à mettre sur le même rapport « gagnant-perdant » d’argent public entre les états de la Grande-région.
Nous pouvons retenir quelques chiffres importants de ce nouveau document, produit chaque année par l’institut luxembourgeois.
• Cotisations sociales (maladie et allocations familiales) : les frontaliers ont rapporté 154 millions d’euros au Luxembourg en 2019. « En faisant le solde entre les recettes et dépenses, on constate que les cotisations sociales encaissées sont supérieures aux prestations sociales versées », explique le Statec. En effet, les frontaliers ont cotisé à hauteur de 2,761 milliards d’euros en 2019, mais l’état luxembourgeois a dépensé 2,614 milliards d’euros envers eux cette même année. Les prestations sociales comprennent ici principalement les prestations en cas de maladie ainsi que les allocations familiales, hors aides étudiantes (26,7 millions d’euros à la charge du Luxembourg en 2019).
Les indemnités chômages ne sont pas prises en compte dans ce calcul, car elles correspondent à un jeu de versement spécifique entre état, toutefois également très profitable pour le Luxembourg : il conserve toutes les cotisations sociales mais ne verse que trois mois de chômages lorsqu’un frontalier perd son emploi ( 39,7 millions d’euros en 2019), le reste étant à la charge des caisses d’indemnisations des états voisins, qui pourtant n’ont pas perçu de cotisation. Pour le seul état français, ce coût est estimé à 107,9 millions d’euros en 2019 vis-à-vis des frontaliers au Luxembourg, par l’Unedic que Le Quotidien avait pu contacter en mars.
• Impôt sur le revenu : les frontaliers ont abondé au budget de l’état luxembourgeois à hauteur de 1,215 milliard d’euros en 2019, selon le Statec. C’est un chiffre en augmentation par rapport à 2018 : 1,207 milliard. Notons ici qu’il s’agit des seuls impôts sur les personnes (ce qui est retiré à la source sur la fiche de salaire). Mais les frontaliers, via les entreprises dans lesquelles ils travaillent, participent également fortement à l’impôt sur la création de richesse (ICC etc.) versé par ces dernières, qu’il faudrait proratiser au pourcentage de frontalier, pour avoir une idée plus précise de l’impôt sur le travail global des frontaliers. D’où un chiffre plus fréquemment évoqué dépassant les 1,5 milliard d’euros.
Notons enfin le cas particulier des « frontaliers-résidents » luxembourgeois travaillant pour les institutions internationales (11 586 personnes), et particulièrement celles européennes : ils ont rapporté 178 millions d’euros d’impôt sur le revenu à ces entités considérées « comme des pays à part ».
• Salaire et traitement brut : les frontaliers ont touché 10,559 milliards en 2019. Attention, cette somme, colossale, n’est en aucun cas sortie par l’état luxembourgeois. Ce sont les entreprises qui rémunèrent leur salarié pour leur travail accompli (ce qui est quand même la moindre des choses !). De fait ces sommes sont « sortantes », car 47% des actifs du Luxembourg vivent en fait en France, Belgique et Allemagne. Mais nous ne sommes donc pas sur le même niveau de balance des paiements d’argent public évoqué plus haut.
Ce chiffre renseigne plutôt sur deux paramètres : l’augmentation du nombre de frontalier constante (+4,6% en 2019) et leur niveau moyen de salaire (cf graphique). «Cet écart reflète une certaine ‘spécialisation’ des frontaliers dans des secteurs se caractérisant par des différences en matière de salaire. Par rapport aux frontaliers belges et allemands, les frontaliers français sont surreprésentés dans des activités moins bien rémunérées comme par exemple le secteur de l’Horesca, ou le commerce et ont une structure d’âge plus jeune», précise le Statec.
Hubert Gamelon