C’est une petite boulangerie à la frontière française, qui va tourner la page d’une époque. «À céder», indique une pancarte. L’échoppe se situe à Audun-le-Tiche sur le chemin des frontaliers.
Dès que l’on entre, ça sent bon le pain d’antan. Une odeur douce de grillé et de farine de blé. «J’ai commencé il y a trente ans, explique la vendeuse. Quel jeune voudrait faire mon métier aujourd’hui ?» Elle raconte les horaires du fournil : «Mon mari commence à 6h et le week-end, il fait le tour de l’horloge.» Elle déplore la fin des rituels de famille. «La brioche du samedi, c’est fini.» Elle se souvient de l’époque où la mine Saint-Michel fonctionnait encore. «Là ça faisait des clients…»
C’est triste de partir à la retraite sur ce vague à l’âme. On a envie de répondre que les jeunes ont toujours autant de courage, qu’ils prendraient bien son job. Que ce n’est pas de leur faute si les gens n’ont même plus le temps d’acheter leur baguette le matin. Ce monde, ils ne l’ont pas créé, ils l’ont reçu comme ça.
Hubert Gamelon