Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Face à l’explosion du prix du gasoil de chauffage, les citoyens commandent en de petites quantités. Ce qui double le travail des livreurs, compréhensifs.
Depuis quelques semaines, les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter. L’hiver est pourtant encore bien présent et il est essentiel de continuer à chauffer les habitations.
Le litre de gasoil de chauffage atteint des records avec un montant de 0,9857 euro pour une livraison de moins de 2000 litres. Même avec la baisse de 5 centimes annoncée ce mardi, les prix restent élevés.
Rendez-vous compte, il y a tout juste un an, le prix était de 0,5845 euro par litre pour la même quantité. La guerre qui fait rage en Ukraine n’augure rien de bon pour la suite.
Beaucoup de petites livraisons
À Libin, cela fait plus de 26 ans que la société Dufays livre du mazout de chauffage dans les habitations du Centre-Ardenne. La hausse des prix est venue modifier l’organisation de travail de l’entreprise familiale.
« Les gens commandent en petites quantités ce qui nous donne beaucoup plus de travail, souligne Éric Dufays. Une commande de 1000 litres se transforme à présent en commande de 500 litres ce qui fait doubler le travail ».
Pour autant, le gérant de la société ne se plaint pas. « Les gens font comme ils peuvent et se montrent prudents. Mais au final, de toute façon, la consommation reste la même. Mais beaucoup espèrent que les prix vont diminuer ».
Au niveau des paiements, certains clients présentent des retards, mais cela reste minime. « Il vaut mieux commander de petites quantités et savoir payer directement, c’est ce que nous conseillons toujours aux clients ».
D’autres solutions sont-elles trouvées en alternatives au gasoil de chauffage ? « Dans la région de Libin, beaucoup se chauffent déjà au bois. Il existe bien sûr d’autres formes d’énergies, mais dans notre région, l’offre reste limitée et cela n’a donc guère d’impact sur la consommation de mazout », termine Éric Dufays.
Paiements à la livraison ou anticipés pour les grosses commandes
Au nord de la province, aux établissements Guy Herion de Marloie, on a observé un boom dans les commandes vendredi. « On a eu énormément de commandes de gasoil de chauffage en très grande quantité ce jour-là, explique Harry Herion, administrateur. Des demandes de 2000 litres et si certains clients avaient pu commander plus, ils l’auraient fait ».
La guerre en Ukraine semble en être la cause principale. « Beaucoup ont peur que les prix n’explosent encore plus suite à ce qui se passe actuellement. Il n’y a pas lieu de paniquer pourtant. Il y a assez de mazout et les prix vont certainement chuter d’ici l’été ». Avant cela, l’entreprise marchoise constatait d’importantes commandes en petites quantités.
« Au niveau des paiements, habituellement, on a plusieurs façons d’alléger la facture comme les plans budgétaires et un système de crédit à 0% ». Mais l’augmentation des grosses commandes depuis vendredi oblige la société Hérion à demander le paiement en une fois.
« Impossible de continuer à avancer des paiements ou autres. Il faut pouvoir payer les fournisseurs et notre personnel. Les commandes doivent à présent être payées à la livraison ou en paiement anticipé » termine Harry Herion.
Un papa vient remplir au bidon de 100 litres
Enfin, à Athus, dans le sud de la province, les établissements Flamion constatent d’importantes commandes en petites quantités. « Beaucoup de gens commandent 500 litres, souligne Edith Flamion. Nous avons même un papa qui vient remplir au bidon de 100 litres. Forcément, cela nous donne plus de travail puisque les commandes sont démultipliées. Il faut donc aller plusieurs fois chez le client. »
Depuis vendredi, les commandes se multiplient, mais restent dans des quantités minimes à livrer.
Pour les paiements, cela devient parfois difficile pour certains ménages. « On se montre compréhensif en laissant plus de temps pour certaines personnes pour régler la facture. Il est important que tout le monde puisse se chauffer correctement ».
(Thibault Léonard – L’Avenir)
