Fabrice Genter, président de la Chambre du commerce et de l’industrie de la Moselle, est avant tout un grand optimiste. Il pose un regard convaincu et convaincant sur les atouts de la Moselle, tout en ciblant les failles.
De quels outils dispose la Chambre de commerce, d’industrie et des services ?
Fabrice GENTER : « Un service d’études qui s’est penché sur les flux commerciaux, au-delà des frontières de la Moselle, en Allemagne et au Luxembourg. Nous avons aussi monté un observatoire des commerces dans toutes les villes du département, répertorié les rues et les boutiques vides. Nous avons encore créé une cartographie du territoire pour cibler les attentes. Tous ces outils sont à disposition des entreprises. »
En février, la CCI est devenue métropolitaine. Qu’est-ce que ça change ?
« Cela nous donne des possibilités de traiter directement avec l’État et de souscrire des subventions européennes en direct. Nous devenons un outil de développement économique de Metz-Métropole. »
Vous étiez pour la création d’une grande métropole Metz-Thionville, qui n’a pas abouti. Que pensez-vous de la situation politique aujourd’hui ?
« Dans cette démarche, il y a eu une grosse mobilisation de la société civile, et Dominique Gros [1er vice-président de Metz-Métropole et maire de Metz, NDLR] et Jean-Luc Bohl [président de Metz-Métropole, NDLR], ont défendu à bras-le-corps la métropole. Derrière, il y a des logiques de projets. Aujourd’hui, on se heurte à un gros problème de mobilité, qui doit être pensé dans un périmètre de vie quotidienne, qui va dans le sens Metz-Luxembourg. »
C’est un gros frein ?
« Oui, pour les utilisateurs des domaines commerciaux, de la santé, de la culture, des loisirs. Il faut envisager, ensemble, toutes les infrastructures de transport. Aujourd’hui, chacun a son référent de mobilité. Il va falloir continuer à associer tous les élus, pour déboucher sur une vraie logique de transport. »
Vous êtes optimiste ?
« On y arrivera. Il faut faire confiance aux élus et être tenace pour donner vie à un vrai projet de territoire, de Metz à la frontière luxembourgeoise. »
La CCI perd la concession du port de Metz, après l’avoir créé il y a cinquante ans. Vous ne vous réengagerez pas ?
« L’État a changé les règles. La concession s’achèvera en décembre 2018. Voie navigable de France et la Région vont créer un Syndicat mixte ouvert (SMO), et lancer un appel à candidature pour faire entrer un opérateur privé. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas rassemblées pour poursuivre cette gestion. On ne peut répondre à une question non formulée, et business plan et gouvernance sont flous. On attend de voir. On rend les clefs après cinquante ans de gestion et après avoir rempli le cahier des charges. On a investi dans un site multimodal, qui associe rail, route, eau. »
Les entreprises qui ont beaucoup investi sur le site portuaire peuvent-elles être inquiètes ?
« Celles qui sont présentes depuis le début de la concession n’auront pas de souci. Pour celles qui envisagent de s’implanter, il faudrait des contrats plus clairs, donner plus de visibilité. »
Sortir de cette gestion, c’est pouvoir se concentrer sur d’autres projets ?
« Il n’y a aucun lien. Nous accompagnons aujourd’hui tous les entrepreneurs pour faire face aux mutations actuelles, notamment dans le numérique. Nous avons créé un fonds de 430 000 € pour soutenir les commerces et les services aux particuliers dans cette mutation. Nous avions fait la même chose pour le BTP. »
Quels sont les secteurs en pointe ?
« L’automobile, avec PSA et Smart, qui associent un grand nombre de sous-traitants. Le tissu commercial est énorme, il compte 16 000 entreprises et 50 000 emplois. »
Quelle est la force du territoire ?
« Le tissu mosellan est riche dans tous les secteurs. Nous avons le premier espace transfrontalier de France, ce qui attire les talents qui s’installent ici, parce que le Luxembourg est à côté. Nous sommes dotés de centres de recherches. À savoir également que 246 entreprises allemandes sont installées en Moselle. Il faut continuer à maintenir et développer les liens. »
Comment le rendre plus attractif encore ?
« En attirant les étudiants. Nous avons de grandes écoles d’ingénieurs. On travaille avec les juniors d’entreprise pour qu’ils créent leur société, avec l’enseignement supérieur pour faciliter la politique de recrutement. L’attractivité, je le répète, c’est aujourd’hui développer la mobilité pour booster notre économie. »
Propos recueillis par Anne Rimlinger-Pignon (Le Républicain Lorrain).