Jérémy Pierson, auteur présumé du meurtre de Béatrice Berlaimont, 14 ans, en 2014, a comparu lundi devant le tribunal d’Arlon. Il était entendu pour une dizaine de vols et un achat de cocaïne. Trente mois de prison ont été requis.
C’est la première fois depuis ses aveux en mars et la reconstitution en mai que Jérémy Pierson comparaissait, lundi, publiquement devant la justice à Arlon. Son procès pour plusieurs vols commis avant l’affaire d’enlèvement, le viol et le meurtre de Béatrice Berlaimont, 14 ans – qui a profondément marqué le Luxembourg belge il y a un an –, avait été repoussé en octobre parce que son extraction de la prison de Lantin, dans la banlieue de Liège, avait pris trop de retard.
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«On verra si Monsieur Pierson est bien présent cette fois ?», ironise froidement la juge Brilot, à l’ouverture de l’audience correctionnelle à 9h. Le voilà qui fait son entrée dans la salle, vers 9h30. Survêt bleu, noir et blanc, regard noir, d’allure frêle, le jeune homme de 27 ans, s’installe sur le banc des prévenus sous bonne escorte.
– «Vous êtes Pierson Jérémy, né en 1988, à Messancy. Vous êtes toujours à Lantin ?
– Non, je suis revenu à Arlon.
-Vous avez une adresse, à l’extérieur ?
– Oui, toujours la même.»
Il habite encore officiellement 26 rue Joseph-Netzer. C’est là, juste en face du commissariat d’Arlon, qu’il avait été interpellé le 9 décembre 2014. Deux semaines avaient été nécessaires à l’époque pour retrouver sa trace. Sa victime, Béatrice, 14 ans, avait été enlevée sur le chemin de l’école. Son corps avait été découvert dans une sapinière de la banlieue d’Arlon le 4 décembre. Pierson avait fui vers la France, agressé une jeune femme à Saint-Avold et puis volé une voiture pour remonter en Belgique.
Multirécidiviste des vols avec effraction
Retour à l’audience du jour. La justice reproche au multirécidiviste des vols avec effraction dont un GPS en mai 2012.
– «Vous reconnaissez ?, interroge la juge.
– Oui, le garage et la voiture étaient ouverts. Mais c’était pas un GPS, c’était un détecteur de radar.»
Il confond les dossiers : «Le GPS, on me l’a donné en compensation d’une dette. Je savais pas qu’il était volé».
Nouveau larcin, le 21 mars 2014, à Arlon.
-«La moto, le VTT, vous les avez dérobés comment?, interroge la juge.
-Je ne me souviens pas du VTT.
– Et le matériel informatique, le GPS, les téléphones ?
-Le vol, oui, je me rappelle, mais pas des objets précis. J’ai cassé un petit bout de fenêtre», répond Pierson, d’une voix atone, presque mécanique. Un autre jour, il dérobe un téléphone, des clés de voiture. «Le propriétaire dormait sur le canapé, il ne m’a pas entendu.»
Il avoue sans peine les vols d’une Audi A6, «abandonnée sur un parking à Maastricht» et dans laquelle on retrouve 5 g de cocaïne. Il a aussi vidé des distributeurs de boisson dans des locaux annexes de l’université de Liège, à Arlon. L’ensemble des faits constituait le portrait de petit délinquant opportuniste esquissé depuis des mois à propos de Jérémy Pierson. Un profil en décalage complet avec le crime pour lequel il est partiellement passé aux aveux en mars 2015. Il devrait comparaître aux assises fin 2016.
Lundi, le procureur du Roi a requis 30 mois de prison ferme à l’encontre de Jérémy Pierson. «Oui, on le sait, mon client est détenu pour une autre cause. Et quelle autre cause ! Pour autant, évitez, Madame la juge, un regard inconscient malveillant que vous pourriez avoir sur mon client», a lâché Me Dimitri Soblet, son avocat. Délibéré au 4 janvier 2016.
Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)