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ArcelorMittal : prison avec sursis requise pour l’ex-intérimaire lanceur d’alerte


La procureure a aussi demandé que la peine soit assortie de l'obligation de ne pas approcher les sites d'ArcelorMittal et d'avoir un suivi médical. (archives Le Républicain lorrain)

Une peine de quatre mois de prison avec sursis a été requise mercredi à l’encontre d’un ancien intérimaire d’ArcelorMittal, qui avait dénoncé des déversements illicites et qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Thionville pour avoir menacé l’entreprise.

Le jugement sera rendu le 5 mars. « Il faut stopper les comportements déviants que peut adopter Karim Ben Ali » à l’égard d’ArcelorMittal, a estimé la procureure, Christelle Dumont. Elle a demandé que la peine soit assortie de l’obligation de ne pas approcher les sites d’ArcelorMittal et d’avoir un suivi médical. Pour son avocat, Vincent Brengarth, « la relaxe en vertu de la loi s’impose », a-t-il plaidé, estimant que les faits n’étaient pas caractérisés.

Le 8 janvier, l’ex-intérimaire de 37 ans s’est présenté devant l’entrée du site, à Florange. S’adressant à un agent de sécurité, il a menacé de « faire péter » la cokerie, une installation classée site Seveso où le charbon est chauffé à très haute température, et une usine fabriquant des produits de haute technologie. Il a également proféré des menaces contre un bâtiment syndical et des bureaux administratifs.

Il ne se sent pas soutenu par la justice

L’homme, présenté comme un lanceur d’alerte, a raconté être « épuisé, au bout du rouleau ». Ce jour-là, selon des certificats médicaux, il présentait « une personnalité profondément fragilisée. Pour quelles raisons, je ne saurais l’affirmer », a souligné Christelle Dumont. « Je suis au RSA », a-t-il expliqué à la barre, regrettant que son avenir professionnel soit obéré depuis ses dénonciations. « Il n’a pas l’impression d’être soutenu par l’appareil judiciaire », a ajouté son avocat.

A l’été 2017, le trentenaire avait diffusé une vidéo le montrant déverser sur le crassier de Marspich un liquide jaunâtre, qu’il présentait comme des rejets d’acide. En septembre 2018, une enquête pour « atteinte à l’environnement » a conclu que le produit déversé était « issu d’une cuve de stockage d’eaux usées relevant de la ligne de décapage et de régénération d’acide ».

ArcelorMittal fait depuis l’objet d’une enquête pour « gestion irrégulière de ses déchets », un délit puni de deux ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Karim Ben Ali a déposé plainte en décembre notamment pour « mise en danger de la personne » contre le groupe sidérurgique et une enquête pour « blessures involontaires » a été ouverte par le parquet de Thionville. L’homme, qui souffre d’une perte du goût et de l’odorat, d’irritation des yeux, reproche à la société de ne pas l’avoir informé qu’il transportait « des matières particulièrement dangereuses ».

LQ/AFP

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