Jeudi 9 octobre, la cour administrative d’appel rendait un arrêt confortant la validité du permis d’exploiter de l’usine Knauf Insulation à Illange. Les conclusions des juges ont pu laisser perplexes. Depuis début septembre, l’industriel est sous le coup de deux nouvelles mises en demeure de la préfecture.
En 2018, l’association Stop Knauf Illange et un collectif d’associations environnementales attaquent la validité du permis d’exploiter de Knauf Insulation au tribunal administratif. Les plaignants sont déboutés et font appel.
«L’instruction du dossier s’est arrêtée en août 2022. À partir de cette date, plus aucun apport complémentaire n’a été possible. Notre avocat a adressé des courriers, des mails, mais aucune des mises en demeure successives n’a été jointe au fond», résume Danielle Sansalone.
Alors, jeudi dernier, quand la cour administrative d’appel rend son arrêt où le permis d’exploiter de l’usine de fabrication de laine de roche est conforté, et où l’on peut lire que les valeurs limites des rejets sont respectées, la présidente de l’association Stop Knauf n’est pas vraiment surprise : «On s’y attendait… Mais on ne se laissera pas déstabiliser !
Les nuisances sont réelles. Elles ne sont pas dans nos esprits, nous n’avons pas rêvé qu’il existe des odeurs, des dégazages intempestifs, des dépassements de seuils, des envols de poussières…».
Tenter d’identifier l’origine des odeurs
Depuis 2022, l’usine enchaîne les dysfonctionnements qui pénalisent les plus proches riverains et les mises en demeure de la préfecture se succèdent. «Ce n’est pas pour rien qu’une commission de suivi de site a été créée», souligne Danielle Sansalone.
Ce genre d’instance est habituellement réservée aux sites classés Seveso, ce que Knauf Insulation n’est pas. Au printemps 2023, un dégazage particulièrement malodorant irrite au plus haut point les plaignants.
Un an plus tard, à la barre du tribunal de police de Thionville, l’entreprise est condamnée à 5 000 euros d’amende pour atteinte à l’environnement. En février 2025, des débris de laine de roche s’éparpillent dans la nature : on en retrouve dans les jardins, au parc de jeux, dans la cour de l’école…
Le système a été perfectionné depuis, «mais ça ne s’arrête jamais». Pas plus tard que le 3 septembre dernier, la préfecture adresse deux nouvelles mises en demeure à l’industriel : il doit désormais fournir la liste de tous les composants utilisés pour fabriquer la laine de roche afin d’identifier au mieux l’origine des odeurs qui posent tant de soucis.
Après chaque problème, chaque dépassement de seuil de poussières ou de composants, des mesures correctives ont été prises par l’industriel, mais sur la question des odeurs, le sujet se tend.
«Quelque part, c’est tout le fonctionnement de cette usine qui est pointé du doigt (…). Les prochains mois seront déterminants. On a tous hâte de voir s’ils parviennent à produire sans le liant chimique malodorant. En attendant, ce sont nos vies quotidiennes qui en pâtissent», insiste Danielle Sansalone.