Mercredi, un médecin de Metz-Borny s’est fait menacer de mort par un patient. Celui-ci a causé aussi des dégâts à son cabinet.
Mercredi après-midi, un médecin de Metz-Borny a été agressé par l’un de ses patients. Celui-ci n’a pas usé de ses poings mais ses attaques verbales ont été suffisamment violentes pour provoquer l’émoi chez l’expérimenté praticien. Le mis en cause a tout de même lié les gestes à la parole en dégradant une porte du cabinet. La police municipale est intervenue : le volcanique patient, déjà connu pour ses accès de colère, a été placé en garde à vue. Ce jeudi, on a appris qu’il a fini à l’hôpital, en psychiatrie. Quant à la victime, elle a déposé plainte.
Contactée par nos soins, Isabelle Renkes, présidente de l’ordre des médecins de la Moselle, s’insurge contre cette nouvelle agression dans le monde médical : «Nous déplorons tout acte de violence et d’intimidation à l’encontre des médecins. En particulier lorsque ces derniers sont des praticiens ayant fait toute leur carrière dans un quartier difficile, populaire et défavorisé. Comme c’est le cas pour notre confrère de Borny. Durant toutes ces années, il a été au service d’une population fragile et voilà comment il est remercié.» Bien évidemment, l’Ordre 57 soutient son médecin : «Nous aussi, nous allons déposer plainte avec constitution de partie civile», poursuit Isabelle Renkes. «Il est essentiel de montrer que le confrère victime n’est pas seul.»
« Ne plus avoir la boule au ventre ! »
Celle qui représente les 3 900 praticiens mosellans invite ses consœurs et confrères à déposer plainte dès qu’ils sont exposés à des violences, des menaces ou tout autre acte répréhensible. «Le Grand Est a enregistré 54 signalements ou déclarations en 2022, contre 65 en 2023. Au-delà de la hausse constatée, ces chiffres sont sous-estimés», assure la présidente de l’ordre. Et pour cause : tous les professionnels de santé (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes…) ne déposent pas plainte ni ne déposent de main courante. «Car ils estiment que ce n’est pas dans leur déontologie de causer du tort à une personne qu’ils sont censés soigner. Mais ce n’est pas non plus dans le serment d’Hippocrate que de se rendre à son cabinet ou à son service hospitalier avec la boule au ventre !»
Isabelle Renkes affirme que ce sont ces agressions à répétition, ces actes d’incivilité au quotidien, qui tuent à petit feu les vocations. «Les déserts médicaux ne concernent pas uniquement nos campagnes. En banlieue, en périphérie des grandes villes, le nombre de docteurs baisse. Et c’est ce qui risque d’arriver à Borny.» La radiologue cite un exemple frappant : «À Montigny-lès-Metz, quatre jeunes médecins, installés depuis moins de cinq ans, sont sur le départ. Je ne parle pas ici de violences, c’est un tout : ils sont fatigués par la surcharge de travail, la surcharge administrative… »