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Affaire Grégory : l’ex-juge Lambert retrouvé mort à son domicile


Propulsé sous les projecteurs, il avait longtemps été désigné comme l'un des responsables du fiasco judiciaire de l'une des énigmes criminelles les plus marquantes en France. (photos AFP)

L’ancien magistrat Jean-Michel Lambert, connu pour avoir été le premier juge d’instruction dans l’affaire Grégory qui vient d’être relancée près de 33 ans plus tard, a été retrouvé mort mardi à son domicile du Mans, a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmant une information du Parisien.

Son corps a été retrouvé dans son bureau avec un sac plastique noué sur la tête à l’aide d’un foulard, selon une source proche du dossier. La police judiciaire d’Angers a été saisie et le parquet du Mans a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de la mort, a indiqué une autre source.

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Selon les premiers éléments de l’enquête, le corps de l’ancien magistrat, 65 ans, a été découvert par une voisine et d’après les premières constatations, aucune trace d’effraction ou de lutte n’a été relevée dans son appartement.

Le procureur de la République du Mans était sur place en fin de journée, a-t-on appris auprès du parquet.

Le juge Lambert en 1984.

Le juge Lambert en 1984.

Son premier poste

Surnommé « le petit juge », le juge Jean-Michel Lambert, avait alors 32 ans lorsque le 16 octobre 1984, le cadavre du petit Grégory, 4 ans, avait été retrouvé ligoté dans la Vologne. Alors seul juge d’instruction à Épinal, il s’agissait de son premier poste.

Propulsé sous les projecteurs, il avait longtemps été désigné comme l’un des responsables du fiasco judiciaire de l’une des énigmes criminelles les plus marquantes en France, avant de retomber dans l’anonymat des prétoires et de se consacrer à l’écriture.

C’est lui qui, le 5 novembre 1984, avait brisé le secret de l’instruction en livrant les confidences devant les journalistes de Murielle Bolle qui accablait son beau-frère Bernard Laroche et le désignait comme le ravisseur de l’enfant.

Le lendemain, l’adolescente alors âgée de 15 ans s’était rétractée totalement. Un revirement qui relance aujourd’hui des soupçons de violences qu’elle aurait subi de la part de sa famille, comme l’affirme un cousin à qui elle sera confrontée le 28 juillet. Murielle Bolle, inculpée d’enlèvement suivi de mort, est actuellement en détention provisoire à la maison d’arrêt de Dijon. Elle avait entamé une grève de la faim jeudi dernier, pour clamer son innocence. Grève à laquelle elle a mis fin ce mardi.

Ses thèses remises en cause

Après la mort de Bernard Laroche, tué par le père de l’enfant, Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité, les soupçons du magistrat s’étaient tournés vers la propre mère de Grégory, Christine Villemin, qu’il avait été inculpée d’assassinat, placée en détention provisoire, puis renvoyée devant les Assises.

La Cour de cassation avait annulé la mise en accusation, avant que la chambre de l’instruction de Dijon ne rende en 1993 un arrêt de non-lieu pour « absence de charges » contre Christine Villemin, formule inédite aux accents d’excuses judiciaires.

Entre temps, l’instruction avait été reprise par un autre magistrat, le juge Maurice Simon, qui avait mis à mal toutes les thèses du « petit juge ». Ce sont d’ailleurs aujourd’hui les conclusions de l’instruction Simon qui sont à nouveau exploitées par les enquêteurs. Des notes consignées dans ses carnets personnels, dans lesquelles il parlait notamment d’une « erreur judiciaire dans toute son horreur ».

Le Quotidien/AFP

Me Moser, avocat des parents de Grégory : « Catastrophé »

« Je suis catastrophé, c’est infiniment triste », a confié l’avocat mulhousien. « Je garderai de lui le souvenir d’un homme qui a été confronté à un dossier difficile, qu’il n’a pas su maîtriser et qui a été pris dans un vertige irrépressible ». « Quelles que soient les causes de ce qui semble être un suicide, je n’ai aucune animosité envers lui. Je critique les conclusions qu’il a tirées de son instruction mais je ne critiquerai jamais l’homme », a poursuivi Me Moser, qui défend depuis le décès de Grégory, le 16 octobre 1984, les intérêts des parents de l’enfant, Jean-Marie et Christine Villemin.

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