Près de 33 ans après la mort du petit Grégory, Laurence Lacour, qui était alors journaliste, est sortie du silence et a pointé vendredi la responsabilité des avocats dans « l’ambiance délétère » qui régnait à l’époque, toujours dénoncée aujourd’hui alors que l’enquête a repris.
« J’en veux aux avocats, je les tiens vraiment pour responsables de l’ambiance délétère » qui entourait l’affaire, a déclaré l’ancienne reporter d’Europe 1 à Autun (en Saône-et-Loire), en marge d’une conférence aux « rendez-vous de juillet », festival de journalisme organisé par les revues XXI et 6Mois. Les avocats « nous ont obligés à prendre parti », ont « manipulé les journalistes » et ont fait du dossier une « histoire politique », a affirmé la journaliste qui avait publié en 1993 Le Bûcher des innocents, un livre dans lequel elle se montrait également très critique face aux débordements médiatiques.
« Pour la presse, c’était un peu la fin d’une époque où ce qui comptait, c’était la bonne histoire. On ne s’encombrait pas tellement de vérification, de pertinence ou de respect dû à la douleur des gens », a commenté Laurence Lacour lors de sa conférence. Aujourd’hui « la presse est un peu schizophrène, parce que je sais qu’elle dit souvent grand bien de mon livre, qui effectivement dénonce les dérives médiatiques, mais elle le dit dans le corps d’émissions durant lesquelles elle fait exactement la même chose », a-t-elle critiqué.
« Déstabilisée » par la mort du juge Lambert
La nouvelle de la mort mardi de Jean-Michel Lambert, premier juge chargé en 1984 d’instruire l’affaire Grégory, « m’a beaucoup déstabilisée », a également confié Laurence Lacour, ajoutant avoir hésité à maintenir son intervention de vendredi à Autun. Le probable suicide du magistrat a conduit les avocats du dossier, de leur côté, à appeler à la prudence dans la suite de l’enquête, en dénonçant « la tension » qui règne toujours dans cette affaire très médiatisée ou encore « un climat absolument épouvantable ».
L’affaire Grégory a été relancée il y a un mois avec les mises en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, soupçonnés d’avoir séquestré puis tué le petit garçon ainsi que d’avoir joué le rôle de « corbeaux » qui harcelaient les Villemin, et laissés libres sous étroit contrôle judiciaire. Murielle Bolle, témoin clé âgée de 15 ans en 1984 et désormais suspectée d’enlèvement, a été mise en examen à son tour fin juin, puis écrouée. Une demande de remise en liberté doit être déposée lundi par ses avocats. Fin juillet, la belle-sœur de Bernard Laroche, suspect n°1 à l’époque abattu par le père de Grégory, sera confrontée à un de ses cousins qui affirme que l’adolescente a subi des violences de sa famille pour revenir sur son témoignage en 1984.
Le Quotidien/AFP
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