La Cour d’appel de Paris dira le 16 janvier si elle annule les déclarations de Murielle Bolle lors de sa garde à vue de 1984 et dans quelles proportions, une décision qui pourrait influer sur l’ensemble de l’enquête de l’affaire Grégory, ont annoncé mercredi des sources concordantes.
Une audience à huis clos s’est tenue mercredi devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris, à qui la Cour de cassation avait renvoyé en février cette partie du dossier.
La décision de la chambre de l’instruction pourrait avoir des conséquences en cascade sur l’ensemble de l’enquête, plusieurs actes de procédures basés sur ses déclarations étant susceptibles d’être également invalidés.
La défense de Murielle Bolle demande ainsi l’annulation partielle ou totale de 198 actes ou passages d’actes contenus dans le dossier. Selon des sources concordantes, l’avocat général a requis mercredi l’annulation de la garde à vue de l’intéressée mais de conserver au dossier ses déclarations faites auprès des gendarmes avant le début officiel de cette garde à vue, ainsi que son interrogatoire par le juge d’instruction Jean-Michel Lambert, réalisé quelques jours plus tard.
Dispositions jugées « inconstitutionnelles »
Placée en garde à vue début novembre 1984, Murielle Bolle, âgée alors de quinze ans, avait accusé son beau-frère Bernard Laroche d’avoir kidnappé en sa présence Grégory Villemin, 4 ans, retrouvé mort quinze jours plus tôt dans les eaux de la Vologne, pieds et mains attachés. L’adolescente s’était ensuite rétractée en assurant avoir tenu ces propos sous la contrainte des gendarmes. Elle n’a depuis cessé de clamer l’innocence de Bernard Laroche, abattu en 1985 par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin.
Saisie par Murielle Bolle, la Cour de cassation a reconnu le 19 février que la garde à vue de l’adolescente avait été effectuée en application de dispositions « inconstitutionnelles », la loi ne prévoyant alors ni présence d’un avocat, ni notification du droit de se taire, et a renvoyé ce volet devant la Cour d’appel de Paris. Cet arrêt est venu entériner une décision du Conseil constitutionnel ayant censuré plusieurs dispositions de l’ordonnance de 1945 sur « l’enfance délinquante ».
L’affaire Grégory, l’une des affaires les plus énigmatiques de l’histoire criminelle en France, a été relancée en juin 2017 quand le grand-oncle et la grande-tante de l’enfant – les époux Jacob qui n’avaient jamais été inquiétés auparavant – et Murielle Bolle ont été mis en examen. Ces mises en examen ont depuis été annulées pour des raisons de procédure.
LQ/AFP