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Addict aux jeux, il soutire 132 000 euros à une femme


Dix-huit mois de prison et le remboursement de la somme volée ont été requis.

Un Arlonais addict aux jeux avait accumulé de nombreuses dettes. Il a escroqué une femme de 132 000 euros via les réseaux sociaux.

Un Arlonais d’une trentaine d’années, qui a priori présente bien car il a un travail et pas de vices apparents, est en réalité depuis des années totalement addict aux jeux. Au point de s’endetter et d’entrer dans une spirale infernale. «Ma famille a fini par me renier et je n’ai jamais su rembourser mes parents», avoue-t-il devant le juge Philippe Nazé lundi à Arlon. Mais il a surtout choisi pour victimes des femmes, dont il a habilement imploré la pitié sur Facebook ou autres réseaux sociaux.

Me Justine Golinvaux a expliqué le sordide mécanisme par lequel sa cliente s’est fait piéger : «Au départ, le prévenu a demandé à ma cliente de lui acheter quatre cartes avec codes au Cora à Messancy. Puis il entretient la flamme avec ma cliente, la recontacte plusieurs fois par jour et lui demande de lui envoyer de l’argent pour débloquer son compte au casino. Il a été jusqu’à créer une fausse adresse mail du casino pour envoyer un mail à ma cliente! Puis il lui a raconté qu’il devait payer impérativement des factures ainsi que rembourser en urgence des gens à qui il devait de l’argent», détaille l’avocate de la partie civile.

La dame a ainsi versé un total de 91 000 euros à cet homme! Puis elle rompt toute relation, mais chose incroyable, quelques mois plus tard, l’escroc parvient à la recontacter, toujours à partir d’une fausse adresse mail, et «il lui fait croire cette fois qu’elle va enfin pouvoir récupérer ses 91 000 euros, mais à la condition qu’elle verse au préalable 41 000 euros. Ce qu’elle va faire!», explique Me Golinvaux, qui réclame un préjudice financier total de 132 000 euros, plus les intérêts, ainsi qu’un dommage moral de 5 000 euros. «Ma cliente a perdu toute confiance en elle depuis les faits.»

Une autre dame victime s’explique sans avocat. Elle a perdu beaucoup moins d’argent dans l’aventure, environ 2 500 euros, mais elle réclame en sus 470 euros de frais d’avocat et 500 euros de dédommagement moral. «Cet homme m’a détruit psychologiquement. Il prétendait qu’il me rembourserait, il m’a manipulée depuis le début.»

Le substitut du procureur du roi, Loïc Richard, réclame 18 mois de prison contre le prévenu, qui a cinq antécédents pour escroquerie et extorsion, mais le parquet n’est pas opposé à un sursis probatoire «avec la contrainte d’indemniser les victimes jusqu’au dernier centime». Me Jean-Marc Laurent, conseil du prévenu, est d’accord avec ce réquisitoire, la défense veut absolument que cet homme puisse sortir une bonne fois pour toutes de son addiction aux jeux qui aura pourri sa vie et celle des autres. Jugement le 28 octobre.

Dominique Zachary
(L’Avenir)