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Accident mortel de TGV : « Ma fille est morte pour une expérience »


Le 14 novembre 2015, le TGV d'essai de la ligne Paris-Strasbourg finissait sa course dans un canal, à Eckwersheim, près de la métropole alsacienne. L'accident a fait 11 morts et 42 blessés. Alors que les recherches durent plusieurs jours, personne ne peut dire combien de personnes se trouvaient à bord. (photo AFP)

L’accident avait fait 11 morts en Alsace, mais est presque passé inaperçu, au lendemain des attentats du 13 novembre. La radio Europe 1 a recueilli ce lundi le témoignage de proches de victimes et de survivants, qui veulent comprendre.

Le 14 novembre 2015, quelques heures à peine après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, la rame d’essai d’un TGV déraille en Alsace. Le bilan est très lourd: avec 11 morts et 42 blessés, c’est le pire accident qu’a connu la SNCF avec son TGV, et le seul mortel. Trois mois après, les survivants et les proches des victimes ne comprennent toujours pas ce qui s’est passé. Plusieurs se sont confiés à Europe 1.

« Est-ce que ma fille n’a pas remplacé un sac de sable? »

Ce lundi, la radio a notamment recueilli le témoignage de la mère de Fanny, 25 ans, qui accompagnait dans la rame son petit ami, un technicien rescapé. Christine Dujardin se demande si sa fille n’a pas « fait l’objet d’une expérimentation. Les premiers temps, les rames d’essai utilisaient des sacs de sable pour simuler le poids des voyageurs. Je me demande si cette fois-ci, on n’a pas utilisé des invités pour simuler le poids des voyageurs. Est-ce que ma fille n’a pas remplacé un sac de sable ? »


Accident de TGV en Alsace : « ma fille est morte… par Europe1fr

« Tout le corps de Fanny n’a pas été trouvé le même jour »

« Je sais qu’elle n’aurait pas voulu entrer dans ce train si elle avait connu les risques », ajoute Christine Dujardin. « Elle a fait une entière confiance, elle pensait presque faire un voyage inaugural. Nous, notre famille, avons passé des moments assez cruels. Tout le corps de Fanny n’a pas été trouvé le même jour. On nous a rappelés plusieurs jours après », raconte-t-elle, émue, sur Europe 1.

À bord de la rame, le 14 novembre, 49 techniciens et cheminots, mais aussi d’autres personnes, « invitées », dont des enfants. Qui n’auraient jamais dû se trouver là, avait rappeler Guillaume Pepy, le président de la société ferroviaire.

« On veut comprendre »

Le train effectuait un essai sur la ligne à grande vitesse destinée à relier Paris à Strasbourg en 1h48, à partir d’avril prochain.

« On veut comprendre, insiste Mme Dujardin. On attend avec impatience les résultats de l’enquête. Et en attendant, avec le peu qu’on a, nous grandissons. On aimerait toucher le ciel, pour Fanny, pour Marc et Laurence, pour Jérémy, Fabrice, pour les deux Alain, pour Daniel, toutes les personnes qui ne sont plus là. »

« On ne parle que de Brétigny »

Un jeune homme, frère d’une autre victime, confirme: « On se sent exclus, seuls, à l’écart », confie le jeune homme. « On ne parle que de Brétigny, alors que le déraillement du TGV a fait plus de morts. Comme si la mort de ma sœur n’était pas prise en compte. »

La vitesse mise en cause. L’enquête judiciaire est en cours. A ce jour, deux rapports – de la SNCF et du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) – ont été publiés, pour une même conclusion : la vitesse serait la cause unique du déraillement. À l’entrée du virage de l’accident, le train a été enregistré à 265 km/h au lieu de 176 km/h normalement.

Que faisaient des « invités » dans le train?

Toujours sur Europe 1, la femme d’un cheminot décédé lors de l’accident incrimine le train: « Je penche plus pour une défaillance du train que pour l’erreur humaine. » Mais d’autres proches de victimes ont une autre interprétation: selon eux, « le conducteur a sans doute été déconcentré par les gens qui étaient à côté de lui. »

L’enquête reste donc centrée sur la présence d’invités dans le train: « Quand il rentrait de certains essais, notre fils nous disait que c’était toujours plein de monde, c’est dangereux. Il trouvait ça irresponsable. Il ne nous a jamais proposé, lui, de l’accompagner. »

« À cause de Brétigny, on est plus que sceptique ». Sur ce sujet, entre autres, les familles attendent des réponses. « Mais comment faire confiance à la SNCF ? », s’interroge un proche de victime. « A cause de Brétigny, forcément, on est plus que sceptique », ajoute-t-il.

Depuis plusieurs semaines, la SNCF est mise en cause pour un manque de zèle caractérisé dans le cadre de l’enquête sur l’accident de Brétigny, le 12 jullet 2013, qui avait fait 7 morts.