De l’aveu des jeunes parents, « la voiture nous a sauvés ». Et Kylian est un jeune homme à qui ils tirent leur chapeau. Lui s’est arrêté pour les aider juste après leur accident de la route. D’autres ont rebroussé chemin.
C’est ce genre d’attention qui nous réconcilie avec la masse invisible capable d’indifférence envers son prochain. Dimanche dernier, à la lueur de lune, un accident de la route impliquant trois véhicules fait craindre le pire aux pompiers. D’un côté, ils découvrent une famille avec deux enfants en bas âge. De l’autre, un homme avec son chien, puis une femme avec un ado. La collision est impressionnante. En témoigne l’état des trois voitures estimées aujourd’hui épaves. Dans cet amas de tôle froissé, un jeune homme décide de stopper le temps, d’apporter son aide. D’autres passeront par là, ne s’arrêteront pas.
Lui, c’est Kyllian, 23 ans, résidant à Audun-le-Roman et originaire de Limoges. Il est le témoin direct de la scène qui s’est passée en ce début de soirée. Il raconte : « Une voiture me suivait puis m’a collé, elle a voulu déboîter. J’ai alors aperçu dans le rétroviseur intérieur que des phares tournaient, j’ai entendu des pneus crisser, puis des cris. »
Le jeune homme se rend au chevet des automobilistes. Appelle les secours. Un des véhicules prend feu. Les flammes se propagent et atteignent l’Audi A6. Celle des époux Lambrech, originaire de Russange, avec à son bord Vincent, 30 ans, le chauffeur, sa femme Sandra, 28 ans, et les deux petits, Kiliane, 4 ans et demi, et Ayline, 20 mois. Sonné, le papa parvient à faire sortir illico sa petite famille. La maman, groggy, craint pour ses deux bambins. L’instinct de survie lui somme de quitter les lieux. Au plus vite, même sans ses lunettes de vue, perdues on ne sait où. « J’ai eu peur de l’explosion. Alors j’ai pris mes deux petits sous le bras. Et j’ai marché, marché, marché… »
Lorsque les soldats du feu prennent en charge la mère, souffrant d’une entorse à la cheville gauche, sa fille et son fils, ils doivent s’éloigner du site. « Les pompiers ont été vraiment bien. Ils m’ont rassurée et confirmé qu’on était des miraculés. Mon mari et moi pensons vraiment que c’est la voiture qui nous a sauvés. Si on avait eu une voiture moins robuste, je n’ose pas imaginer l’issue de l’accident. »
Le lendemain, les Lambrech retrouvent à leur réveil les stigmates de la veille. Aussi bien physiques que mentaux. Sandra présente des blessures au visage, au niveau de la poitrine et du ventre. Vincent se plaint de douleurs au niveau du thorax. Kiliane et Ayline accusent le coup. Le garçonnet se met à verbaliser ses impressions, qu’il couche notamment sur des dessins aux ratures hachées, noires, rouge sang. Pour que cet épisode ne hante pas Kiliane, une rencontre est prévue prochainement avec un psychologue. Parce qu’il est important de mettre des mots sur un événement grave. « Dans le futur, c’est sûr, on restera marqués », s’accordent à dire les parents.