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A4: cinq raisons de supprimer le péage de Saint-Avold


Le parcours Saint-Avold-Metz coûte 12 centimes du kilomètre sur l’A4. Si vous sortez à Boulay sur ce même itinéraire, la facture passe à 26 centimes du kilomètre. (photo RL)

Le péage de Saint-Avold sur l’A4 est l’un des plus chers de France au kilomètre parcouru. Il est contesté par les usagers réunis en association. De plus, l’aide aux abonnés fidèles risque de disparaître. Et si on le supprimait ?

1- Le péage de Saint-Avold est l’un des plus chers de France

Le parcours aller entre la gare de péage de Saint-Avold et Metz (37 km) est facturé 4,40 euros sur l’A4. Ce tronçon autoroutier coûte 12 centimes d’euros du kilomètre aux automobilistes qui l’empruntent. Pire, le trajet Saint-Avold-Boulay, sur la même A4, coûte aussi 4,40 euros. Les 17 kilomètres de ce tronçon passent alors à 26 centimes du kilomètre si vous sortez à l’échangeur de Boulay.

En dix ans, les tarifs autoroutiers ont bondi de 16,4 % selon 40 Millions d’Automobilistes. En moyenne, les autoroutes françaises coûtent 10 centimes du kilomètre. L’autoroute la plus chère de France est l’A14 entre Paris La Défense et Orgeval (53 centimes/km). Suivent l’A19 Sens-Artenay (15,1 centimes/km), l’A65 Langon-Pau (14,8 centimes/km), l’A86 super-périphérique parisien (13,29 centimes/km).

Le trajet Saint-Avold-Metz coûte aussi cher au kilomètre qu’un Lyon-Modane par l’A43.

2- Les automobilistes de l’Est mosellan victimes d’injustice

Un habitant de Sarreguemines, Forbach ou Saint-Avold doit payer pour se rendre dans sa ville préfecture (Metz) par l’A4. Les automobilistes de l’Est mosellan sont donc taxés sur leurs déplacements locaux… contrairement au reste des Lorrains et aux Alsaciens. En effet, l’A31 est gratuite de Thionville à Metz (et même de Luxembourg à Toul). L’A4 elle-même a été rendue gratuite sur plusieurs tronçons pour favoriser le trafic local. C’est le cas sur le trajet Metz-Semécourt (25 km) ou entre Haguenau et Strasbourg.

Face à cette injustice, des usagers est-mosellans se sont réunis en association : Sipic (suppression intelligente des péages à l’initiative des citoyens) mène des actions en faveur de la gratuité de l’A4 pour les Mosellans circulant entre Metz et l’Est du département.

3- L’aide aux péages des abonnés quotidiens est remise en cause

Face à la cherté de cette autoroute, des réductions de 50 % sont accordées aux automobilistes effectuant le trajet domicile-travail quotidiennement via la gare de péage de Saint-Avold. Une convention stipule que le Département de la Moselle verse une subvention à hauteur de 25 % et la Sanef, gestionnaire du réseau, complète l’aide sur 25 % du tarif.

Mais ce dispositif risque de disparaître début 2017. Le Département veut que la Région Grand Est se charge désormais de cette subvention. Ce que le Région se refuse à accepter. Les discussions sont dans l’impasse actuellement. La fin des réductions se profile à l’horizon. Une mauvaise nouvelle de plus.

4- Un transfert de trafic sur des départementales accidentogènes

Pour éviter l’A4, beaucoup d’automobilistes et de transporteurs optent pour les routes secondaires comme la D603 (Courcelles-Chaussy, Marange-Zondrange, Longeville-lès-Saint-Avold, etc) ou la D910 (Pont-à-Mousson, Faulquemont). Ces axes sont par conséquent surfréquentés, accidentogènes et le théâtre de nuisances dans les traversées de communes. Sur la D26, entre Freyming-L’Hôpital, les camions contournent le péage de Saint-Avold mais se bloquent régulièrement sous un pont trop bas. Un accident mortel est déjà survenu à cet endroit. La très dangereuse D662, au Pays de Bitche, peut aussi constituer une alternative à l’A4 payante.

Les accidents s’y sont multipliés ces dernières semaines dont un drame ayant décimé une famille de Bitche.

5- Le concessionnaire de l’A4 fait des bénéfices records

La Sanef exploite par concession 2 063 km d’autoroutes en France dont l’A4. La société a réalisé 1,6 milliard de chiffre d’affaires en 2015. Sur les neuf premiers mois de 2016, Abertis, maison mère de Sanef, a réalisé un bénéfice net de 718 millions d’euros et un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros. La disparition du péage de Saint-Avold ne pèserait sans doute pas grand-chose dans les comptes de ce mastodonte, qui pourrait toujours compter sur deux péages en Alsace-Moselle : Loupershouse et Schwindratzheim.

Stéphane Mazzucotelli (Le Républicain lorrain)