Le P+R de Metzange, dont la construction doit s’achever à l’octobre 2020, devrait favoriser les bus transfrontaliers. Il comportera 750 places et sera cofinancé par le Luxembourg à hauteur de 50% de l’investissement, conformément aux engagements pris en mars 2018 au sommet franco-luxembourgeois de Paris.
Un autre P+R, ce coup-ci destiné aux utilisateurs du train, est en projet à côté de la gare de Thionville. Aucune date n’est communiquée pour le moment sur ce dernier point.
Mais la construction de celui de Metzange a débuté en octobre 2019. Il doit être réalisé sur deux terrasses séparées par des talus pour tenir compte du relief du site. Un petit bâtiment sera aménagé à l’entrée du site en vue d’accueillir des locaux d’exploitation ainsi que d’éventuels services (dépôt de pain, retrait des colis…). Une liaison sera réalisée avec la piste cyclable existante le long de la RD14B avec la mise en place de stationnements pour les vélos. Le futur équipement sera doté d’un accès direct aux huit arrêts pour les cars transfrontaliers et les bus urbains.
Le P+R va coûter 5 millions d’euros, dont 2,5 millions financés par le Grand-Duché. C’est exactement le même cas de figure que pour le P+R de la gare de Longwy, qui était la deuxième structure évoquée dans les accords de Paris, en plus d’aménagements sur la ligne Nancy-Metz-Luxembourg (120 millions prévus sur les dix prochaines années).
On peut faire deux remarques ici, par rapport au communiqué de l’Agglomération de Thionville :
• Désengorgement de l’A31 : Selon les calculs réalisés par le centre de recherche socio-économique du Luxembourg (Liser) en 2018, il y avait 31 nouveaux frontaliers par jour ouvré de travail au Luxembourg. Sur la moyenne des dernières années, les Français représentent environ 70% des nouveaux frontaliers, par rapport aux Belges et aux Allemands. On a donc une vingtaine de nouveaux frontaliers français par jour ouvré de travail au Luxembourg, à caser sur la route ou dans les trains. Thionville/Fensch étant l’un des deux pôles forts de frontaliers (l’autre étant l’Agglo de Longwy), la ligne de train du Sillon Lorrain (Nancy-Metz-Luxembourg) étant saturée, on peut dire que créer 750 places de P+R n’aura qu’un effet très modeste sur le problème global.
Soulignons toutefois un point important : l’idée de caser ces frontaliers dans les bus libère également de la place sur la route. De façon optimale et irréaliste, les 750 frontaliers du P+R occupent 14 bus standards, contre 577 voitures (moyenne de 1,3 personne par voiture chez les frontaliers). Mais c’est sans compter sur les bus qui roulent à vide, les horaires décalés des uns et des autres, les heures de pointe, l’utilisation du P+R pour autre chose que prendre le bus etc.
• Coopération transfrontalière : Le cofinancement luxembourgeois est un premier pas de coopération, mais qu’il convient de remettre dans son contexte : les P+R créés du côté luxembourgeois coûtent très chers pour des problèmes soit de prix du foncier au Grand-Duché, soit de coût de la main d’oeuvre quand le terrain appartient déjà aux CFL. Citons deux exemples à titre de comparaison : le P+R de Bascharage/Sanem coûtera 15 millions d’euros pour 400 places (sous forme d’un bâtiment), celui de Trois-Vierges (tout au nord) 12,5 millions d’euros pour 400 places également (sans aménagement de bâtiment). Il faut plutôt voir ici une bonne opération dans le fait de financer des structures plus en amont du trafic, et pour moins cher qu’à domicile, qu’un élan transfrontalier.
Hubert Gamelon