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A31 bouchée : coup de frein sur le tourisme économique


(Photo : RL)

Les contrôles de police sur l’A31 semblent freiner le tourisme économique de part et d’autre de la frontière. Les ventes de tabac et d’essence ont tendance à baisser au Luxembourg au profit des points de vente nord mosellan, par crainte des bouchons et des douaniers.

Les contrôles de police sur l’autoroute A31 ne sont pas sans conséquences pour l’économie frontalière. Premier secteur touché : les ventes de tabac. Dans le Nord mosellan, c’est plutôt une nouvelle inespérée car elles semblent repartir à la hausse depuis dix jours. En effet, alors que les professionnels mosellans ont été durement touchés ces dix dernières années par les augmentations successives de prix, et la forte concurrence luxembourgeoise, ils voient revenir vers eux des clients qui n’achetaient plus en France.

Et pour cause, les récits des automobilistes excédés de passer des heures à faire du surplace, aller et retour sur l’autoroute, ça dissuade de s’aventurer vers la frontière. A fortiori quand les fumeurs ont pris l’habitude de se ravitailler pour plusieurs semaines d’un coup, et même de dépanner leurs amis en leur faisant profiter du voyage, et qu’ils se trouvent souvent en infraction. Transporter plusieurs kilogrammes de tabac n’est pas vraiment la meilleure idée du moment, même s’ils ne sont pas la cible des contrôles instaurés depuis les attentats de Paris. Le risque de rencontrer des douaniers sur la route s’étant décuplé, le climat actuel incite les consommateurs à différer leurs déplacements.

Ce phénomène était particulièrement visible ce lundi, aux stations-service de Dudelange, traditionnellement très fréquentées par les Français de toute la grande région Est, que ce soit pour le tabac, l’essence, l’alcool ou encore le café. Malgré une belle différence avec les prix pratiqués en France, plusieurs lignes de pompes étaient désertes par moments, sans grand rapport avec à l’activité que les habitués observent d’ordinaire à ce même endroit en pleine journée. Le défilé des voitures se fait au compte-gouttes depuis que les contrôles ont commencé sur l’A31. « Oh oui, il y a moins de monde, admet d’ailleurs une vendeuse. C’est compliqué de venir avec ce qu’il se passe sur l’A31 et les gens ont peur des contrôles de la douane. » D’habitude, il faut patienter avant de décrocher un pistolet pour remplir le réservoir de la voiture, et il y a toujours trois ou quatre personnes devant soi avant le passage en caisse. Là, l’affaire est réglée en moins de cinq minutes.

À l’inverse, les buralistes thionvillois semblent retrouver des couleurs. La recrudescence inattendue des ventes de tabac y est sensible. « Il y a un peu plus de monde, surtout du dépannage, constate un vendeur du centre-ville thionvillois. Comme ils ne peuvent plus aller au Luxembourg, ils retardent en revenant ici. Mais il va y avoir un problème car les contrôles devraient se poursuivre jusqu’en janvier, et à un moment donné ces gens-là n’auront plus d’argent. » Son collègue, chargé des approvisionnements confirme ce regain d’activité, en affichant une tendance plus nette au niveau de la comptabilité : « On retrouve le chiffre d’affaires de 2002 rien que sur les cigarettes ! Même si le prix des paquets a beaucoup augmenté au cours de ces dernières années, c’est quand même très significatif. »

Pourtant, ce lundi encore, aucun contrôle ne s’est dressé sur la route en empruntant le réseau secondaire. Alors qu’en passant le pont de Kanfen, la vue étant éloquente en contrebas, sur l’autoroute et ses kilomètres de véhicules à l’arrêt, l’itinéraire bis n’a souffert que d’un léger retard d’une dizaine de minutes en raison d’un ralentissement dans le bas de la côte Saint-Michel. Mais pas un douanier n’a été croisé sur les routes départementales pour vérifier ce qui était importé depuis le territoire luxembourgeois. Toutes les cartouches déposées dans le coffre sont arrivées à destination sans problème, uniquement du tabac.

Olivier Simon