Des milliers de réfugiés se trouvent déjà dans des centres en Sarre et en Rhénanie-Palatinat. Et les arrivées continuent.
« Thank you, Germany!» Ces trois mots représentent une sorte de tube de l’été. On peut les voir, ces jours-ci, griffonnés à la hâte, sur les innombrables écriteaux en carton que brandissent des adultes exténués, mais soulagés d’être arrivés à bon port en gare de Munich. On les avait aussi entendus la semaine dernière, poussés par les voix stridentes de petits enfants s’époumonant sur le passage du ministre fédéral de la Santé, lorsque celui-ci est venu prendre le pouls des réfugiés accueillis en Sarre.
À Lebach, dans la banlieue de Sarrelouis, Hermann Gröhe a pu constater que les Afghans, Irakiens, Syriens et autres ressortissants d’une soixantaine de pays ne sont pas trop mal lotis.
Dans le centre d’accueil, les médecins parlent arabe, les sages-femmes sont présentes à tout moment sur le site, les ados disposent de nombreux équipements sportifs, les plus petits d’un programme d’animations appropriées. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est déjà mieux que la Grèce ou la Hongrie. D’autant que c’était loin d’être évident au départ! Le centre d’accueil sarrois de Lebach, construit au début des années 50 pour accueillir des réfugiés en provenance d’Allemagne de l’Est, «tournait» jusqu’à présent avec un petit millier de migrants venus d’un peu partout. Ces temps-ci, ils sont plus de 2 500 à être accueillis sur place.
Des problèmes à Trèves
Ce qui ne semble guère poser de problème : un troisième chapiteau, destiné à assurer l’accueil d’urgence de la prochaine vague de migrants, est déjà en construction. Comme ses prédécesseurs, il sera chauffé pour affronter les rigueurs de la mauvaise saison. Et cloisonné, bien sûr, pour permettre aux femmes et aux hommes, qui débarqueront de Munich, de respecter les us et coutumes de leur pays d’origine.
À Trèves, les petits écriteaux manuscrits et les chœurs enfantins ont été moins présents. Avec un afflux brutal de quelque 3 000 réfugiés, le centre d’accueil de Rhénanie-Palatinat a été complètement débordé à la mi-août. Résultat : des réfugiés dormant à la belle étoile, comme sur les îles grecques de Kos ou Lesbos! Avec quelques sérieuses tensions, brutalités et agressions à la clé. Entre-temps, comme un peu partout en Allemagne, une partie de la population est venue donner un coup de main aux autorités – celles-ci devraient avoir à caser quelque 20 000 réfugiés parmi quatre millions d’habitants – alors qu’une autre partie des habitants préfère mettre le feu à des centres d’accueil. D’est en ouest et du nord au sud, l’Allemagne se révèle ainsi un pays des extrêmes.
Christian Knoepffler (Le Républicain lorrain)